LE CAIRE (AFP) –La presse égyptienne rivalisait de louanges vendredi pour le président américain, le comparant même à un prophète capable de guérir tous les maux, au lendemain du discours de réconciliation aux musulmans prononcé par Barack Obama au Caire.
« Obama, celui qui est attendu », proclame en une le quotidien indépendant Al-Masry Al-Yom, en référence à l’imam Mahdi, 12e et dernier imam des chiites disparu au VIIIe siècle, dont les fidèles attendent un retour prochain sur terre pour qu’il y rétablisse paix et justice.
« Obama a mis fin au choc des civilisations », n’hésite pas à titrer l’éditiorialiste du quotidien officiel Al-Goumhouriya, pour qui le discours du chef de la Maison Blanche constitue le point de départ « d’une nouvelle ère entre les musulmans et l’Amérique ».
Dans tous les journaux égyptiens, les photographies d’un Barack Obama souriant dans l’université du Caire figurent en bonne place, aux côtés de celles où il visite les pyramides et une mosquée médiévale.
« Ce n’était pas un discours ordinaire. Il a fourni aux Arabes et musulmans un document, une référence à laquelle il sera tenu », écrit Oussama Saraya, rédacteur en chef du quotidien officiel Al-Ahram.
Quelques bémols à l’euphorie générale sont apportés par le quotidien Rose al-Youssef, qui au delà des « grands mots », demande « maintenant des actes » ou le journal d’opposition Al-Doustour qui critique un président qui a « défendu avec ferveur les guerres » de son prédécesseur George W. Bush.
Bémols aussi au Liban, où le journal libanais d’opposition As-Safir, proche de l’alliance emmenée par le Hezbollah chiite, trouve que « le charisme de l’hégémonie, ses mots bien choisis, des extraits des livres sacrés ont trouvé le chemin du coeur de son auditoire sans atteindre son cerveau ».
An-Nahar, journal de la majorité libanaise soutenue par l’Occident, juge au contraire que le discours a « ouvert une nouvelle page pour des liens équilibrés entre Israël et les Arabes ».
« Obama n’a pas hésité à déclarer hier, au coeur du Caire, l’amitié sans faille entre l’Amérique et Israël, mais, dans un même souffle, a dit clairement que les attentes de l’Amérique envers son ami ne pouvaient être remises à plus tard », constate à ce propos le journal israélien Maariv.
La presse du Golfe s’interroge pour sa part sur les suites à donner au discours, un paquet de « recommandations plutôt que d’engagements », selon le quotidien Al-Bayan du gouvernement de Dubaï. « Il faut transformer les positions (de Obama) en politiques, sinon le discours n’aura été qu’une opération de relations publiques ».