En plein ramadan, une manifestation lancée sur les réseaux sociaux est prévue dimanche 11 juin à Tunis pour défendre les non-jeûneurs et réclamer le respect des libertés individuelles.
Dans la jeune démocratie tunisienne, aucune loi n’interdit de manger pendant la journée durant ce mois sacré de jeûne pour les musulmans. Pourtant, la police demande parfois à des cafés de fermer leurs portes et quatre personnes ont été condamnées à de la prison la semaine dernière après avoir mangé en public.
« Dieu seul est responsable de juger mes actes »
« J’ai été vraiment dégoûtée [par ces arrestations] par ça. Il est vrai que je jeûne d’habitude mais on ne s’interfère pas dans la liberté des gens », lance Meriem, une lycéenne de 17 ans, venue se détendre dans un café du centre-ville après une épreuve du bac. Aujourd’hui, pour avoir des forces pour cet examen, la jeune femme n’a pas jeûné.
Même s’il est musulman, c’est son choix ! Même s’il est juif, on s’en fout, c’est vraiment son choix ! Pourquoi cela vous dérange que les gens ne jeûnent pas? Je ne comprends pas.
Meriem, lycéenne tunisienne à franceinfo
Malgré la chaleur, la terrasse ombragée de ce café est fermée et les clients sont invités à s’asseoir uniquement à l’intérieur, à l’abri des regards. Même pendant les horaires de travail, difficile de trouver une place assise. Fedi, un étudiant en école d’ingénieur, est lui aussi attablé avec des amis. Le jeune homme déplore ne pas pouvoir exercer pleinement sa liberté de conscience : « Au travail, à l’école, tu ne peux pas manger, fumer ou boire en public. Cela me dérange énormément car c’est ma liberté de jeûner. Dieu seul est responsable de juger mes actes. »
Des textes de loi utilisés contre les libertés individuelles
Au-delà de ce rassemblement prévu dimanche, un collectif d’ONG appelle les autorités tunisienne à  « garantir la liberté de conscience »Â et à abroger au plus vite des mesures contraires à  la constitution de 2014. Selon Lilia Rebaï, directrice Tunisie de l’association Euromed droits, plusieurs textes de loi permettent à la police de porter atteinte aux libertés individuelles.Â
« On essaie de trouver, dans l’arsenal juridique actuel, l’article 125 du code pénal et l’article 226 du code pénal pour outrage public à la pudeur et pour outrage à employés publics dans l’exercice de leurs fonctions, explique-t-elle. Donc on utilise ce genre d’articles pour embêter les personnes qui ne jeûnent pas pendant le mois de ramadan. »