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Fermeture de la mosquée Sounna à Marseille, le « test » de la grande prière

La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a fermé pour six mois la mosquée Sounna, l’une des plus fréquentées de Marseille. Elle reproche à son imam de prêcher un islam extrémiste.

D’autres imams de la ville tiennent le même type de propos : plus jeunes, francophones, ils sont également plus influents sur les jeunes musulmans marseillais.

Quels sont les faits ?

La mosquée Sounna, l’une des plus fréquentées de Marseille, a été fermée pour six mois à compter du 14 décembre. Un arrêté du préfet de police des Bouches-du-Rhône affirme que son dirigeant et imam, Abd El Hadi Doudi, « s’inscrit dans la mouvance islamiste radicale » et est devenu « une référence du salafisme » à Marseille.

L’arrêté, affiché sur la porte de la mosquée, cite les propos qui lui sont reprochés  : l’imam aurait légitimé « le djihad armé et la mise à mort des auteurs d’adultère et des apostats ». Certains de ses discours « appellent à la défaite et à la destruction des mécréants », « incitent à l’application de la loi du Talion à l’encontre de ceux qui combattent Dieu et son prophète et à l’égard desquels la sentence de Dieu est la mort ou la crucifixion » ou « présentent les juifs comme des ’impurs’, ’les frères des singes et des porcs’ et incitent à prononcer la formule ’Allah akbar’ dans les lieux publics pour ’effrayer les mécréants’».

Enfin, plusieurs fidèles de la mosquée se seraient « réclamés ces dernières années d’Al-Qaida » ou auraient « rejoint l’Irak et la Syrie ».

Qui est l’imam  ?

Âgé de 61 ans, père de deux enfants, Abd El Hadi Doudi est un Algérien qui aurait été formé à Médine, en Arabie saoudite, avant de devenir un proche du Front islamique du Salut en Algérie. Arrivé en France en 1981, il défend un islam politique et ultra-conservateur, et interdit d’ailleurs les prêches en français dans sa mosquée, ou plutôt « ses » mosquées, puisque la salle du Boulevard National qu’il occupe est la quatrième dans laquelle il officie.

« Plus qu’un idéologue, c’est un opportuniste qui répond à la demande populaire, analyse un imam local. Les vieux Algériens viennent l’écouter parce qu’il est éloquent, psalmodie bien, en bon arabe classique. C’était le cas de mon voisin, qui m’assurait qu’il n’écoutait rien de ses diatribes anti-occidentales, antisémites, etc. Quant aux jeunes, ils sont attirés par son style mais ne comprennent rien à ce qu’il raconte ».

Abd El Hadi Doudi aurait ainsi réussi, à un mois d’intervalle, à interdire à ses ouailles de participer à des élections en France (jugées haram, interdites) et de les obliger en revanche à voter en Algérie, où – plus que le résultat – la participation est un enjeu pour le pouvoir…

Le préfet de police assure également dans son arrêté qu’il use « de pressions pour collecter d’importantes sommes, notamment en appelant ses fidèles aux dons en précisant qu’il accepterait de ’l’argent sale’ ».

Quel est le contexte ?

Abd El Hadi Doudi a toujours pris soin de se présenter – selon la formule des sociologues – comme un salafiste « quiétiste », autrement dit n’appelant pas au djihad armé. Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, il était – aux côtés d’une dizaine d’autres « prédicateurs salafis francophones » – le premier signataire d’un communiqué commun dans lequel ils « condamnaient fermement ces actes abominables, et (désavouaient) totalement les individus qui les ont perpétrés, ainsi que leurs idéologies ».

Ces conférenciers salafistes prenaient soin aussi de rappeler que « les actes terroristes ne doivent aucunement être attribués à la noble religion de l’islam, ni au salafisme, qui n’est rien d’autre que la pratique de l’islam conformément aux textes religieux authentiques, sans exagération ni laxisme »… En réponse, tous avaient reçu un courrier de l’Élysée, signé de François Hollande, qu’Abd El Hadi Doudi avait présenté comme « un courrier de remerciement ».

La fermeture de sa mosquée est une conséquence directe de la loi du 30 octobre renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme qui élargit les motifs de fermeture des lieux de culte. L’article 2 prévoit en effet que « le préfet de police peut prononcer la fermeture des lieux de culte dans lesquels les propos qui sont tenus, les idées ou théories qui sont diffusées ou les activités qui se déroulent provoquent à la violence, à la haine ou à la discrimination, provoquent à la commission d’actes de terrorisme ou font l’apologie de tels actes ». Désormais, il devrait être possible de fermer des mosquées salafistes même sans lien direct avec le terrorisme.

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