SANAA (AFP) – Plusieurs milliers de femmes ont manifesté dimanche devant le Parlement à Sanaa à l’appel des milieux islamistes et conservateurs contre un projet de loi fixant l’âge minimum du mariage au Yémen.
Le rassemblement a pris l’allure d’une démonstration de force contre cette loi controversée, fixant à 17 ans l’âge du mariage pour les filles et à 18 ans pour les garçons. Les manifestantes ont été amenées par bus entiers de Sanaa et des localités environnantes.
Certaines des manifestantes, dont plupart portaient le voile intégral, brandissaient un exemplaire du Coran et des banderoles proclamant « Ne bannissez pas ce qui a été autorisé par Allah », « Non aux manipulations des droits des femmes » ou encore « le Coran et la sunna (la tradition du prophète Mahomet) au dessus des traités contraires à notre religion ».
Selon les islamistes, l’âge du mariage n’a pas à être fixé car l’islam ne l’a pas fait pas et le prophète Mahomet s’est marié avec Aïcha alors qu’elle n’avait que neuf ans.
Le mariage des femmes-enfants est largement pratiqué au Yémen, pays à structure tribale et où l’islamisme constitue une force non négligeable.
En 2008, le cas d’une fillette, Nojoud Mohammad Ali, mariée à 8 ans à un adulte et qui avait fini par obtenir le divorce, avait mis en lumière la situation de milliers de filles mariées très jeunes.
Des représentantes de l’Union des femmes yéménite, organisme officiel favorable à la loi, ont dû battre en retraite devant la foule des manifestantes en colère.
L’une des manifestantes, Oum Aziz, a dénoncé des pressions extérieures pour fixer l’âge du mariage.
En revanche, Houria Machhour, l’une des dirigeantes de l’Union des femmes, a affirmé que rien n’interdit dans l’islam la fixation de l’âge du mariage étant donné qu’il n’y a pas d’unanimité sur la question parmi les oulémas qui interprètent les textes sacrés.
Elle a dénoncé une instrumentalisation de la question par les opposants à cette loi, en discussion au Parlement depuis août 2009.