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Un maire de l’Isère renonce à réserver la piscine municipale aux femmes

Le_Monde_1.jpgUn créneau de deux heures, le lundi, était prévu pour les femmes et les enfants. Le maire de La Verpillière a reçu des courriers l’accusant de  » vendre la France aux Arabes « .

Dépassé par la polémique, le maire de La Verpillière, une petite commune de l’Isère, a finalement renoncé : les femmes de sa commune n’auront plus accès à la piscine municipale sur un créneau horaire qui leur était réservé, le lundi matin pendant deux heures. Le conseil municipal, prévu jeudi 26 juin, n’aura même pas besoin d’en délibérer. L’expérience, proposée par le centre social de la ville où vit une communauté turque importante, a tourné court après les réactions de responsables politiques, de droite comme de gauche, et des associations qui ont vu là une atteinte à la laïcité et une victoire du communautarisme.

Ces pratiques sont  » dangereuses « , avait notamment jugé Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la politique de la ville, le 21 juin, estimant qu’elles répondent à  » des pressions liées à des intégrismes religieux « . L’UMP avait exhorté le maire à  » revenir sur sa décision et à adopter une pratique conforme aux principes de laïcité « .

 » DE TOUTES NATIONALITÉS « 

«  Pour nous, il ne s’agit pas d’une atteinte à la laïcité, persiste à penser Patrick Margier, le maire (div. gauche) de cette commune de 6 700 habitants. La cinquantaine de femmes qui ont participé à cet essai étaient de tous âges et de toutes nationalités, en maillot de bain, sans signe distinctif. On a voulu leur tendre la main et je regrette que les gens ne soient pas plus tolérants. «  Depuis la médiatisation de cette expérience, il a reçu des dizaines de lettres, dont des courriers anonymes, l’accusant entre autres  » de vendre la France aux Arabes « .

 » On a aussi payé un amalgame avec l’affaire du gymnase dans l’Essonne, des associations musulmanes voulaient organiser le 29 juin un tournoi de basket féminin, interdit au public masculin ; le maire de la commune a annulé l’événement « , regrette M. Margier.  » On organisera d’autres activités pour ces femmes « , promet-il.

Ces dernières années, les villes de Lille ou Sarcelles (Val-d’Oise) ont connu ce même type de polémique. A Strasbourg, en revanche, la non-mixité dans les piscines a été inaugurée il y a plus de dix ans, notamment à la demande d’associations religieuses. La capitale alsacienne bénéficie d’un climat particulier, lié au statut concordataire qui régit les relations entre les pouvoirs publics et les religions en Alsace-Moselle, où ne s’applique pas la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat.

Les revendications liées à l’exercice d’un culte se sont multipliées ces dernières années. Si la concertation permet parfois des accommodements, les initiatives individuelles obtiennent rarement gain de cause. L’exemple de la ville de Lyon – qui, en lien avec les associations cultuelles et laïques, a décidé de proposer à la rentrée 2008 dans les cantines deux repas, dont l’un sans viande – reste rare.

Dans ce contexte, les exigences religieuses confinent parfois à la provocation. Dernier incident en date : lundi 23 juin, un père de famille musulman dont la fillette était hospitalisée, à sa demande, dans une clinique catholique de Bourgoin-Jallieu (Isère) a demandé, et obtenu, que soit décroché le crucifix installé dans la chambre de l’enfant.

Stéphanie Le Bars, Le monde

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