KARACHI (AFP) -Un médecin a été arrêté pour insulte au prophète Mahomet au Pakistan, a annoncé dimanche la police, en pleine polémique sur la loi contre le blasphème, passible en théorie de la peine capitale.
Le Dr Naushad Valiyani a été arrêté vendredi après la plainte d’un représentant de la profession qui lui avait rendu visite à Hyderabad. Ce dernier a « déclaré à la police que M. Valiyani avait jeté au panier sa carte de visite portant son nom, Muhammad Faizan, lors d’une visite dans sa clinique », a précisé à l’AFP le chef de la police régionale, Mushtaq Shah.
« M. Faizan a accusé le Dr Valiyani d’avoir commis un blasphème et demandé à la police d’enregistrer sa plainte à son encontre lui » mais l’affaire s’est ensuite réglée avec les excuses du Dr Valiyani, membre de la communauté ismaélienne du Pakistan, une branche de l’Islam chiite, selon M. Shah.
Les choses en seraient restées là si les leaders religieux locaux n’étaient pas intervenus. Ils ont fait pression pour qu’il y ait des poursuites, selon M. Shah.
« Le Dr Valiyani a assuré M. Faizan qu’il n’avait pas l’intention d’insulter le prophète Mahomet en jetant sa carte de visite au panier », a souligné M. Shah, en précisant que la police avait enregistré la plainte aux termes de la loi contre le blasphème
La peine capitale n’a jamais été appliquée dans un passé récent au Pakistan pour les personnes condamnées pour blasphème. Elles sont acquittées en appel ou la peine est commuée en peine de prison. Mais une vive controverse agite de pays depuis la condamnation à mort le 8 novembre d’une villageoise chrétienne de l’est.
Asia Bibi, 45 ans, issue d’une famille très pauvre et mère de cinq enfants, a été accusée de blasphème par des femmes musulmanes de son village après une dispute en 2009. Ses voisines sont allées voir le mollah qui a ensuite saisi la police.
Arrêtée et condamnée à la mort par pendaison, elle a fait appel et la haute cour de Lahore (est) doit se prononcer prochainement.
Le gouvernement souhaitait grâcier Asia Bibi, compte tenu des protestations internationales que l’affaire a suscitées, mais un tribunal l’en a empêché.
Pour les défenseurs des droits de l’Homme, qui le déplorent, la loi pakistanaise sur la blasphème encourage les extrémistes islamistes.
3% de la population n’est pas musulmane dans ce pays de 167 millions d’habitants.