NOUAKCHOTT (AFP) – Les islamistes radicaux détenus à la prison de Nouakchott ont « majoritairement signé leur renoncement à la violence » au terme d’un « dialogue » mené par des théologiens mandatés par le gouvernement, a affirmé jeudi un porte-parole de la commission chargée de ce dialogue.
« Les jeunes ont majoritairement renoncé à leurs idées fondées sur l’extrêmisme, la violence et le +takfir+ » (le renoncement à la foi attribué à certains musulmans qui sont alors considérés comme des ennemis, ndlr), a déclaré devant la presse le conseiller à la présidence Mohamed El-Moctar Ould M’Balla, porte-parole de la commission de théologiens chargée du dialogue.
Selon lui, « plus de 80% ou un peu moins de 90% ont renoncé et ont signé noir sur blanc leur renoncement » à ces idées, sur 67 détenus concernés.
M. Ould M’Balla a assuré que ces détenus avaient prononcé leur « repentir face aux erreurs » qu’ils ont reconnu avoir commises, en rapport avec les concepts religieux qui fondaient leurs actions.
Ce dialogue « spirituel » engagé le 18 janvier en prison constituait une première pour la République islamique de Mauritanie, frappée ces dernières années par une série d’actions meurtrières revendiquées par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Asmi).
M. Ould M’Balla a assuré que trois détenus seulement avaient « refusé tout dialogue » avec la commission « pour des raisons diverses ». Il a par ailleurs déclaré qu’un « petit nombre parmi les prisonniers avaient accepté le dialogue, étaient revenus sur des idées reçues mais n’avaient pas signé » leur repentir.
Selon le porte-parole, les thèmes abordés étaient très divers: « la gouvernance politique, la démocratie, l’apostasie en Islam, le principe de sécurisation des étrangers en terre d’Islam, la soumission aux gouvernants et autres idées fortes, objets de différentes interprétations ».
« Ils ont majoritairement reconnu leurs erreurs et ont décidé d’y renoncer au terme de ce dialogue purement spirituel qui n’est ni une négociation, ni un marchandage pour un accord sur des questions matérielles particulières », a-t-il assuré.
Ces 67 présumés jihadistes en instance de jugement, selon divers médias, sont détenus à la prison centrale de Nouakchott pour « actes terroristes ». Parmi eux, les tueurs présumés de quatre Français assassinés en 2007 à Aleg (sud) et d’un Américain en 2009 à Nouakchott.
Les autorités n’ont pas encore précisé la conduite à tenir vis-à -vis des « repentis » qui ont signé le renoncement à la violence.
Selon certaines sources proches du dossier, ces jeunes « repentis » pourraient soit bénéficier de « circonstances atténuantes » au cours d’un procès clément, soit bénéficier d’une grâce présidentielle.