RABAT (Maroc) (AFP) -Des experts, des religieux musulmans et des politiques participent depuis vendredi à un congrès international sur l’avortement clandestin et les problèmes de grossesse non désirée, « une première au Maroc » selon Chafik Chraïbi, professeur de gynécologie obstétrique.
« Des experts médicaux, des religieux, des juristes des hommes politiques de tout bord y participent, une première », a déclaré à l’AFP M. Chraïbi, qui est également président de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC), organisatrice de ce congrès les 28 et 29 mai à Rabat.
Entre 600 et 800 avortements médicalisés et 200 autres, non médicalisés, sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon les chiffres de l’AMLAC, confirmés par l’Association marocaine du planning familial (AMPF, officielle) ».
Plus de 50% des interruptions volontaires de grossesse concernent des femmes mariées. Elles sont le plus souvent pratiquées par des femmes issues des milieux défavorisés, indiquent les chiffres de l’AMLAC.
L’article 449 du code pénal marocain prévoit des peines de prison de six mois à deux ans contre « l’avorteur et l’avorté ainsi que les personnes intermédiaires, sauf quand il s’agit de préserver la santé ou la vie de la mère ».
Mais « dans la pratique, l’avortement est toléré au Maroc » et la plupart des gynécologues le pratiquent, constate un congressiste.
Des experts médicaux, des religieux et des politiques, notamment des dirigeants du Parti islamiste Justice et développement (PJD) participent à ce congrès où des « recommandations seront élaborés », selon les organisateurs.
« On va rédiger des recommandations qui seront ensuite portées au parlement (marocain), au secrétariat général du gouvernement et on pense même envoyer un courrier » au palais royal, a indiqué M. Chraïbi.
« En tant que commandeur des croyants, c’est lui (le roi) qui peut trancher dans ce type de questions », a-t-il ajouté.
Les responsables de l’AMLAC n’appellent pas à « la légalisation de l’avortement, mais nous voulons la loi autorise l’interruption volontaire de grossesse dans certains cas comme le viol, l’inceste, les malformations foetales et les pathologies psychiatriques », selon lui.