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Les musulmans américains se sentent stigmatisés par certaines attaques anti-Obama

musulmans_am__ricains_1.jpg(Nouvel Observateur) – Durant la campagne présidentielle, les musulmans américains se sont sentis dénigrés à travers les attaques contre le candidat démocrate Barack Obama visant à le présenter comme un adepte de la religion du Prophète -alors qu’il est chrétien pratiquant- afin de le discréditer aux yeux de l’opinion.

Les rumeurs malveillantes attribuant au sénateur de l’Illinois une foi musulmane cachée ont commencé dès qu’il est apparu comme un candidat potentiel dans la course à la Maison Blanche. Le bruit a ainsi couru qu’enfant il avait été scolarisé dans une école islamique radicale en Indonésie ou encore qu’il avait prêté serment sur le Coran lors de son investiture au Sénat.

Ses adversaires ont également mis en exergue son deuxième prénom à consonance peu américaine -Hussein- et diffusé une photo où on le voit portant une tenue traditionnelle lors d’une visite en 2006 au Kenya, le pays de son père.

Kari Ansari, une mère de trois enfants à Villa Park (Illinois) raconte que son fils de 10 ans s’est ému de ces attaques. « Il s’est dit: ‘si on refuse de l’élire simplement parce qu’il a essayé des vêtements musulmans, on ne m’élira jamais parce que je suis un vrai musulman' », souligne Mme Ansari, fondatrice du magazine « Famille musulmane d’Amérique ». « C’est douloureux pour nous en tant que parents musulmans. »

Barack Obama a riposté à ces attaques dans des discours et par un site Internet créé spécialement pour tordre le cou aux allégations erronées circulant à son sujet. Mais cela ne suffit visiblement pas à convaincre tout le monde.

Un sondage du Centre de recherche Pew publié le 21 octobre montre que 12% des électeurs pensent encore que M. Obama est musulman. Le hasard a voulu que l’enquête soit rendue publique le jour où la dirigeante d’un groupe de femmes républicaines du Nouveau-Mexique a qualifié le candidat démocrate de « socialiste musulman » et affirmé que « les musulmans sont nos ennemis ». Les responsables du Parti républicain ont condamné ces propos.

« Les musulmans sont fatigués de cette campagne parce qu’ils voient qu’on les stigmatise », souligne Mme Ali. Ils ont dû lutter pour se faire accepter aux Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. Les partis démocrate et républicain les courtisent discrètement depuis des années, mais les candidats à la présidence ont refusé de s’afficher publiquement à leur côté.

On ne sait pas précisément combien il y a d’électeurs musulmans aux Etats-Unis. Beaucoup sont venus dans le pays pour suivre des études d’ingénieur, de médecine ou de commerce et gagnent confortablement leur vie. Un nombre non négligeable d’entre eux vivent dans des Etats-clés pour l’élection, comme le Michigan et la Floride.

Reste que les candidats à la Maison Blanche « ne rencontrent pas les organisations musulmanes et évitent les questions qui pourraient les associer à la communauté musulmane », souligne Salam al-Marayati, directeur du Conseil des affaires publiques musulmanes, une organisation basée à Los Angeles qui a fait campagne pour l’inscription des musulmans sur les listes électorales. « On est traités comme des intouchables en politique », déplore-t-il.

Hesham Hassaballa, un médecin de Chicago, déclare avoir quitté en octobre le Parti républicain, en partie à cause des allégations contre Barack Obama. Comme bon nombre de musulmans, il avait rejoint le Grand Old Party pour sa philosophie du moins d’Etat, son conservatisme social et sa promesse de limiter les impôts. Mais déjà il y a quatre ans, il avait soutenu le démocrate John Kerry pour protester notamment contre la politique de l’administration Bush sur la détention et les interrogatoires des suspects de terrorisme.

Aujourd’hui, il estime que le Parti républicain a abandonné ses principes. Il se dit écoeuré par la rhétorique anti-musulmane utilisée durant la campagne et « la manière dont l’équipe McCain s’est comportée ».

S’il s’est défendu contre les allégations lancées à son encontre, M. Obama a également estimé que le fait d’être qualifié de musulman ne devait être interprété comme une insulte. Son équipe comprend un chargé des relations avec la communauté musulmane.

L’ancien secrétaire d’Etat Colin Powell, un républicain qui a décidé de soutenir Obama, a récemment mis du baume au coeur des musulmans en affirmant que leur religion ne devait pas être utilisée comme argument pour tenter de diffamer un candidat. Une tactique qui a été permise par des membres de son propre parti, a-t-il reconnu.

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