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Le port du voile intégral bouscule la tradition laïque française

Burqaa.jpg(Le Monde)- Deux mots – burqa et nikab – ont suffi pour relancer le débat et amener Nicolas Sarkozy sur le sujet lors de son discours, prévu lundi 22 juin, devant le Congrès à Versailles. La burqa et le nikab, ces vêtements longs et sombres qui voilent entièrement le corps et le visage de certaines musulmanes, ont une nouvelle fois fait irruption dans la vie politique après la proposition de 65 députés de droite et de gauche de créer une commission d’enquête sur l’ampleur de ce phénomène en France « au nom de la laïcité ».

Signe de la sensibilité du dossier, le président de la République, interrogé sur ce sujet vendredi 19 juin, à Bruxelles, a refusé de se prononcer immédiatement sur l’opportunité de cette commission d’enquête et, au-delà, sur la pertinence d’une loi interdisant la burqa et le nikab en France. Il a en revanche annoncé qu’il traiterait de la question lundi devant les députés et les sénateurs dans le cadre d’une intervention au cours de laquelle il devait aborder les thèmes de l’intégration et du modèle républicain : « Mon rôle de président de la République, c’est d’essayer de mettre les réponses dans un contexte général et d’expliquer des tendances lourdes et non pas de réagir à l’émotion du moment. »

Cette approche marque une relative prise de distance avec les propos du porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, qui, le matin sur France 2, n’avait pas exclu la possibilité d’une loi interdisant le port de la burqa dans l’espace public, s’il s’avérait que cette tenue vestimentaire était « subie » par les femmes. Pour certains, l’offensive parlementaire apparaît aussi comme une réponse à l’approbation par M. Sarkozy des propos de Barack Obama sur la liberté pour les femmes vivant dans les pays occidentaux de porter le voile, à condition qu’il s’agisse « d’un libre choix ». « Après le pragmatisme et l’apaisement affichés par M. Sarkozy, on semble retomber dans une forme de conflictualité avec les musulmans », relève Samir Amghar, spécialiste à l’EHESS du salafisme, ce courant de l’islam qui prône une pratique religieuse radicale et notamment le port du voile intégral.

Si un consensus semble se dégager sur l’intérêt d’établir la réalité de ce phénomène qui heurte le tissu social et culturel français, notamment pour s’assurer du droit à l’égalité et à la dignité de ces femmes, en revanche des doutes se font jour sur l’opportunité de légiférer sur le port d’un vêtement particulier, arboré sur la voie publique par des femmes majeures.

« C’est un vrai sujet », a déclaré la première secrétaire du PS, Martine Aubry, vendredi. « Je demande qu’on essaie de réfléchir de la manière la moins simpliste possible. Si une loi interdit la burqa, ces femmes auront toujours la burqa, mais elles resteront chez elles », a-t-elle souligné en insistant sur « l’intégration de ces populations ».

« L’Etat peut surveiller les prêches radicaux, pas contrôler le nombre de burqas dans les rues », estime-t-on au ministère de l’intérieur, pour qui une action peut être entreprise s’il y a trouble à l’ordre public ou s’il apparaît que « le port de la burqa résulte de violences physiques ou psychologiques. C’est du cas par cas ».

« Le législateur sera-t-il à même de vérifier qui porte la burqa de manière forcée et qui la porte par choix? », s’interroge aussi Hassan Safoui, du Comité 15 mars, une association proche de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) qui aide les jeunes filles voilées, depuis la loi de mars 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école. Beaucoup soulignent également qu’une législation antiburqa ne viserait pas, par définition, les hommes actifs dans les mouvements salafistes et dans les mosquées.

« GROUPES SECTAIRES »

« Ce n’est pas la femme en burqa qui pose problème, c’est l’emprise de groupes sectaires sur les jeunes », estime Bernard Godard, auteur de l’ouvrage Les Musulmans en France (Robert Laffont, 2007). « D’un point de vue sociologique, le salafisme relève bien d’une organisation sectaire, confirme M. Amghar. Ses membres ne reconnaissent pas les valeurs dominantes de la société; ils excommunient les autres formes de l’islam; ils s’appuient sur un leader charismatique porteur d’un savoir religieux et s’en remettent à un système divin. Souvent issus de ghettos sociaux ou économiques, ils vont, avec leur pratique religieuse, au bout de la logique “vous m’excluez, je vous exclus”. »

Mais, au-delà des possibles atteintes au principe de laïcité induites par ces groupes, la radicalisation d’une frange de musulmans vivant en France, dont le nombre est évalué à quelques milliers, pose des questions à l’islam organisé. Cet islam « du juste milieu » voit rarement d’un bon Å“il le développement des pratiques salafistes et s’inquiète du dynamisme de ce mouvement en termes de réislamisation des jeunes générations, y compris dans des petites villes de province. « S’ils veulent un islam adapté à la vie en France, c’est aux musulmans eux-mêmes de faire le ménage, estime un spécialiste de l’islam. Mais face aux salafistes, certains souffrent d’un déficit de légitimité religieuse. » Et, en réponse au problème posé par la burqa, préfèrent insister sur le caractère marginal ou non religieux de cette pratique.

Stéphanie Le Bars / Le Monde: 20/06/09

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4 comments

  1. non au voile intégrale ! il n’y a meme pas a débatre sur ce sujet la france est un pays laique ou chacn est libre de pratiquer sa religion mais ne doit pas l’exposer en public si on autorise le voile intégrale pourquoi on interdit dans les école les signes religieux telle que les croix catholique qui sont bien plus dans la culture de ce pays et ancré dans sont identiter religieuse et latine que l’islam

  2. Pourquoi se laisser entraîner dans un débat nécéssairement foireux si on le situe sur le plan religieux?
    Une simple note du Ministère de l’Intérieur a toutes raisons d’interdire pour des raisons de sécurité les vêtements qui dissimulent le visage de leur porteur:
    -cagoules (!!!)
    -capuchons amples (sur visage baissé!!)
    -burqa
    -voiles dissimulant le visage etc…
    Montrons-nous compréhensifs: autorisation 2 jours par an pour les enfants à Mardi Gras et Halloween!!

  3. non, tout court. on est en france ,on applique nos lois et traditions.
    Quand on va dans certains pays du magrehb, les femmes sont obligées de se voiler pour respecter le pays, et bien en france, on fait pareil et si on n’est pas capable de comprendre ça, les portes sont ouvertes!
    avec ce genre de comportement, vous tendez les bras aux extrémistes( et là je parle de ceux de droite et non les religieux).

  4. droledavenir

    non, pas de bourqa ou nikab en france, pas d extremisme dans notre pays pays laique qui se soumet deja bien trop aux « convections » religieuses de ces extremistes… pas de porc dans certaines cantines, horaires de piscine aménagés… ces gens réclament la liberté tout en etant contre les libertés, ils profitent de notre systeme trop permissif, ils se fichent de nos lois, ne veulent respecter que celles du coran…. tout cela est effrayant il ne faut pas laisser faire.

    Je respecte toutes les religions a partir du moment ou elles meme sont respectueuses, trop facile de se faire passer pour une victime… vous autre integristes etes les bourreaux et les ennemis de la république, seule la charria vous importe…

    De plus lorsqu on s installe dans un pays on s adapte , ce n est pas au pays acceuillant de s adapter…la france a une longue histoire, une culture et des traditions que l on doit respecter… je sens que tout cela va tres mal finir, ca fait franchement peur

    aujourd hui aux infos: une equipe de foot se disant « musulmane » a refusé de jouer contre une équipe se disant « gay » par convictions religieuses… la haine monte et c est grave… que fait la loi?

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