La péninsule arabique qui a vu naître les plus grands noms de la poésie arabe est marquée aussi par un essor dans les autres genres littéraires et une vision qui défie souvent les sociétés conservatrices. Présentation.
Nasser El-Zaheri (1960), le pourfendeur du néant
Romancier et poète des Emirats.Il a été diplômé en communication et en littérature française de l’Université des Emirats avant de faire des études supérieures à la Sorbonne.
Dans ses écrits, il se concentre sur son expérience personnelle, avec les détails qu’il observe dans les choses, les lieux et les pays qu’il a visités dans le monde entier. Il tente dans ses ouvrages d’historiser tous les lieux dans lesquels il a vécu. Il a tendance à écrire librement loin des techniques traditionnelles.
Parmi ses ouvrages les plus célèbres, Quand les palmiers sont enterrés, Un pas pour la vie, deux pas pour la mort, Leurs voix, Le troisième œil, ainsi que d’autres. Quelques-uns de ces ouvrages ont été traduits en anglais, russe et en français.
Dans la plupart des livres, Zaheri essaye de voir la vie avec un œil optimiste pour faire face à la laideur et à la mort. Il cherche l’être humain avec tous les conflits qui le déchirent. Pourtant, la peur de la mort apparaît dans la plupart de ses écrits.
Khaled Saoud Al-Zeid (1937-2001), l’archéologue de la culture koweïtienne
Homme de lettres, poète et historien. Considéré comme le pionnier de la création et de l’activité culturelle au Koweït, il s’est intéressé à rassembler toutes les preuves d’une présence avérée de la littérature dans cet émirat. A cet égard, il a été le premier à avoir établi une encyclopédie historique et littéraire des hommes de lettres koweïtiens en deux siècles, ainsi qu’un ouvrage sur l’histoire du théâtre au Koweït. Il est l’auteur aussi d’une introduction à l’histoire du roman au Koweït et un livre sur la littérature du voyage au Koweït.
Il a écrit des dizaines d’ouvrages littéraires et poétiques, notamment Les proverbes familiers en 1961, Les hommes littéraires du Koweït en deux siècles, établi en trois volumes, « Prières dans un temple abandonné », un recueil de poésie créé en 1970, « Le Koweït dans le guide du Golfe » deux ouvrages en 1981, « L’index des manuscrits arabes originaux dans la bibliothèque de Khaled Saoud Al-Zeid » en 1990, ainsi que des dizaines d’autres ouvrages aussi importants. Pour tous ces efforts dans le domaine de la littérature et de la culture, il reçoit pour deux fois le prix d’Estime de l’Etat. La première fois en 1983 en littérature et art et la seconde en 2001 en culture.
Ibrahim Al-Arid (1908-2002), poète par vocation
L’un des plus importants poètes bahreïnis. Il est considéré comme le fondateur du théâtre poétique dans le Golfe depuis ses premiers ouvrages dans ce domaine dans les années 1930.
Il a commencé sa carrière comme professeur d’anglais en 1927, avant de créer sa propre école où il a écrit quelques pièces en arabe et en anglais pour qu’elles soient jouées sur le théâtre scolaire.
Son premier recueil de poèmes « Souvenir » paraît en 1931. Il a ensuite publié un grand nombre de pièces poétiques, notamment « Recueil », « Bougies » et « Terre des martyrs ». Il a traduit Robaïyat Al-Khayyam (les quatrains de Khayyam).
Cheikh Issa bin Salman, le roi du Bahreïn a donné ordre de baptiser l’une des rues de la capitale Al-Manama au nom de ce poète qui a quitté la vie à l’âge de 94 ans.
Ghazi Al-Qosseibi (1940), le vizir souvent interdit
Poète, romancier et homme politique saoudien. Il occupa plusieurs postes importants en Arabie saoudite, dont celui de conseiller juridique au ministère de la Défense et au ministère des Finances, et fut ministre de l’Industrie et de l’Electricité en 1976, ministre de la Santé en 1982, puis ministre des Ressources hydrauliques en 2003 et du Travail en 2005.
Ghazi avait des tendances littéraires sérieuses qu’il a traduites à travers ses romans et ses recueils de poèmes, chose qui a fait de lui l’un des plus importants hommes de lettres saoudiens. Le total de ses écrits dépasse les 60 ouvrages. Des romans notamment comme L’appartement de la liberté, Al-Asfouriya, Sept, Salma et La sirène ; des recueils de poésie comme « Bataille sans emblème », « Une voix du Golfe », « Poèmes des îles de perles », « Pour les martyrs », ainsi que des contributions journalistiques, dont les plus importantes sont dans L’œil du cyclone et De celui-ci et celui-là . La plupart de ses ouvrages faisaient de grands bruits lors de leur publication et un bon nombre d’entre eux ont été interdits en Arabie saoudite.
Mayssoune Saqr (1956), une Schéhérazade mélancolique
Poète, romancière et peintre des Emirats arabes unis. Dans ses œuvres comme dans ses peintures se cache une tristesse qui, selon elle, est l’origine de l’écriture réelle elle-même. Fille du cheikh Saqr Al Qassemi, l’un des plus grands poètes dans les pays du Golfe et graduée de la faculté de l’économie et des sciences politiques en 1982, elle a occupé le poste de président du secteur culturel et ensuite du secteur des arts et de la publication au centre culturel à Abu-Dhabi. Elle fut aussi directrice du secteur culturel au ministère des Médias et de la Culture. Elle a aussi participé à plusieurs expositions de peintures et des festivals internationaux.
Elle a publié neuf recueils de poésie, dont « C’est ainsi que j’appelle les choses » en 1982, « La maison » en 1992, « Un autre lieu » en 1994, « Un homme fou qui ne m’aime pas » en 2001, et son premier roman Rihana en 2003.
Seif Al-Rahbi (1956), médiateur entre deux mondes
L’un des poètes les plus connus à Oman. La plupart de ses écrits se penchent sur les agressions et les violences qui marquent la vie des humains. Ce qui remplit ses écrits d’un air de tristesse et de chagrin.
Il a fait ses études au Caire et a vécu dans plusieurs pays arabes et européens. Il a travaillé dans les domaines de journalisme et de la culture. Beaucoup de ses ouvrages ont été traduits en plusieurs langues, comme le français, l’anglais, l’allemand, le hollandais et d’autres.
Parmi ses poèmes les plus célèbres : La montagne verte en 1981, La tête du voyageur, Les maisons du premier pas et Une main au bout du monde.
Il est actuellement journaliste dans la revue culturelle Nazwa, publiée à Oman, dans laquelle il s’intéresse au dialogue entre les pays arabes et occidentaux. C’est pourquoi il s’intéresse à la publication de traduction de diverses langues européennes afin de jouer le rôle de médiateur entre ces deux mondes.
Abdel-Rahman Mounif (1933-2004), le perpétuel exilé
L’un des plus importants romanciers saoudiens. Elevé à Amman au cours d’une des périodes les plus importantes de l’histoire arabe et au cours de laquelle la cause palestinienne a émergé suite à la défaite arabe de 1948, il a terminé ses études secondaires en Jordanie, avant de se diriger vers Bagdad pour joindre la faculté de droit en 1952. Chassé après deux ans avec un groupe d’étudiants arabes après la signature du pacte de Bagdad, qui prévoyait une alliance arabo-occidentale contre le nationalisme arabe de Nasser, il a donc poursuivi ses études en Egypte à l’Université du Caire. Il a fait ensuite des études supérieures à l’Université de Belgrade, d’où il a obtenu son doctorat en 1961.
Poursuivant ses pérégrinations, il commence sa carrière de journaliste au Liban, et c’est alors qu’il a commencé à écrire ses romans avec son ouvrage célèbre Les arbres et l’assassinat de Marzouq en 1973 qui a été le début d’une grande liste d’ouvrages, dont Les fins en 1977, Un monde sans cartes en 1982, Histoire d’amour manichéenne en 1974, Ville de sels, en cinq volumes et qui est considéré comme l’un des plus importants ouvrages. Il a été lauréat du prix de la première Conférence arabe en 1998 qui a eu lieu au Caire.
Abdel-Aziz Al-Machri (1954-2000), le défenseur du citoyen ordinaire
Il n’a vécu que 46 ans. Pourtant, sa vie littéraire a été très riche. Il a été considéré comme l’un des innovateurs dans la littérature et la création saoudienne depuis la moitié des années 1970.
Dans ses écrits, il n’était pas désespéré, bien au contraire, il tenait bien au monde du rêve et de l’espoir, il s’intéressait surtout au vécu des citoyens modestes. Il regardait le monde qui l’entoure avec un regard réaliste qui a d’ailleurs été traduit dans ses ouvrages. Parmi ses livres les plus célèbres, Décès sur l’eau, Les fleurs cherchent un pot et Forteresses.
Al Ahram Hebdo, 23-29/01/2008
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