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Egypte: les Frères musulmans peaufinent une image de parti prêt au pouvoir

(AFP 20/01/2012)- Moins d’islamisme, plus de politique: les Frères musulmans égyptiens peaufinent une image de parti modéré et responsable prêt pour le pouvoir, mais leur programme reste flou et ils doivent faire face à la surenchère des fondamentalistes salafistes, soulignent des analystes.

Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu de la confrérie, obtiendrait quelque 45% des 498 sièges de députés en lice aux législatives qui viennent de s’achever, selon des estimations de presse.

Un score qui en fait la première formation politique de l’Egypte près d’un an après la chute du régime de Hosni Moubarak, sans toutefois disposer, selon les résultats provisoires, d’une majorité absolue.

Après des décennies de semi-clandestinité et un programme résumé par la formule « l’islam est la solution », présentés comme un épouvantail par le régime Moubarak, les Frères musulmans veulent aujourd’hui endosser l’habit d’une force politique respectable.

« Le PLJ essaie d’apparaître comme modéré, adopte un ton apaisant et cherche à faire coalition avec d’autres. Pour faire passer des lois, il aura certainement besoin de coopérer avec des partis non-islamistes », affirme à l’AFP Moustafa Kamel Sayyed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.

Le parti islamiste, qui a multiplié les propos et les gestes rassurants en direction de la minorité chrétienne copte, « n’insiste pas sur une application intégrale de la charia (loi islamique) », du moins « pas tout de suite », relève-t-il.

Au cas où il serait amené à participer au gouvernement, ce mouvement pourrait délaisser les ministères « régaliens » (Affaires étrangères, Finances, Intérieur…) au profit de portefeuilles comme la Santé ou les Affaires sociales.

« Les Frères préfèrent des ministères de services aux citoyens », leur permettant de cultiver la tradition d’aide sociale qui fait depuis longtemps leur force dans les couches les plus pauvres de la population, estime M. Kamel Sayyed.

Une rencontre d’un niveau inédit mercredi de la direction du PLJ avec le numéro deux de la diplomatie américaine, William Burns, lui a apporté une reconnaissance internationale appréciable.

Face aux ouvertures des Etats-Unis, « la confrérie a de son côté fait preuve de pragmatisme. Elle a transmis un message de modération et des assurances sur les intentions de l’Egypte dans la région », relève le rédacteur en chef du magazine Al-Ahram Hebdo, Hicham Mourad, dans un éditorial.

Washington avait déjà assuré avoir obtenu de la confrérie des assurances sur le respect du traité de paix conclu en 1979 entre l’Egypte et Israël – un enjeu crucial pour les Etats-Unis.

Mais sur ce dossier sensible, le langage de la confrérie « reste ambigu », estime Hicham Mourad. « Certains disent que le traité serait révisé, d’autres soulignent qu’il est du ressort du peuple égyptien de décider du sort du traité ».

Après avoir plaidé pour un système parlementaire -qui lui donnerait l’avantage- le parti des Frères musulmans a cherché à désamorcer la polémique avec l’armée au pouvoir et les partis libéraux favorables à un exécutif fort, en se prononçant pour un « système mixte parlementaire-présidentiel ».

L’émergence lors des élections des partis fondamentalistes salafistes, crédités de près de 25% des sièges, a toutefois sérieusement entamé le quasi-monopole autrefois présumé de la confrérie sur le terrain de l’islam politique égyptien.

Celle-ci pourra difficilement éviter de satisfaire les aspirations d’une population très majoritairement acquise à plus d’islam en politique, qu’il soit modéré ou conservateur, estiment les experts.

« Les Frères musulmans changent d’un jour à l’autre. Aujourd’hui ils se disent modérés pour se distinguer des salafistes, mais vont-ils continuer ainsi? Ce n’est pas sûr », estime la politologue Nevine Mosaad.

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