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« C’est dur d’être aimé par des cons » ou la liberté d’expression défendue à Cannes

Charlie_2.jpgCANNES (AFP) – La liberté d’expression a été défendue vendredi à Cannes avec la présentation du documentaire du Français Daniel Leconte « C’est dur d’être aimé par des cons », sur le procès intenté au directeur de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, poursuivi pour avoir publié en 2006 des caricatures de Mahomet.

Ce film de deux heures décrypte les acteurs clés du procès, les enjeux politiques internationaux, médiatiques ou idéologiques sur un ton allègre, souvent parsemé de notes d’humour.

Sous-titré « Le Procès », le documentaire se veut une réflexion globale sur l’islam, sur la liberté de la presse (et sa capacité à l’autocensure) et d’une manière générale sur la liberté d’expression.

Pour Daniel Leconte, qui s’exprimait vendredi au cours d’une conférence de presse, « le film est de nature à apaiser les tensions et non à les alimenter. Le procès et son verdict (ndlr: la relaxe pour Charlie Hebdo) ont été un moment historique qui a redéfini les règles entre le religieux et le politique ».

Et Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, d’ajouter: « toute cette histoire a servi aux musulmans à exprimer quelque chose qui les séparent des intégristes ».

Sentant que la publication par l’hebdomadaire français des caricatures de Mahomet publiées au Danemark et qui avaient provoqué une flambée de violence dans le monde musulman, allait provoquer des réactions, Philippe Val et Daniel Leconte ont mis en route immédiatement le projet. Non sans embûche au niveau du financement, « les télévisions refusant le projet », a souligné Daniel Leconte.

Les images du film ont été tournées en trois temps, la loi interdisant en France de filmer les audiences. Avant le procès, avec des images par exemple de la conférence de rédaction de Charlie Hebdo où naît le dessin de Cabu qui sera attaqué ensuite en justice, avec deux des douze caricatures: il représente Mahomet débordé par les intégristes et qui s’exclame effondré: « C’est dur d’être aimé par des cons ».

Pendant le procès, les images sont essentiellement celles de la grande salle des pas perdus du Palais de justice transformé en forum public permanent.

La troisième étape a été d’interroger les acteurs du procès pour coller au plus près des débats: des témoins comme Mohamed Sifaoui, journaliste algérien réfugié en France, très émouvant, les avocats et les politiques – la France est alors en pleine campagne présidentielle.

Le spectateur revit presque ainsi la plaidoirie de Maître Richard Malka, un des avocats de Charlie Hebdo, qui demande si les parties civiles – Mosquée de Paris, l’Union des Organisations Islamiques de France et la Ligue Islamique Mondiale – veulent être traitées par l’hebdomadaire comme les autres religions.

Et de citer une multitude de dessins beaucoup plus irrévérencieux depuis une dizaine d’années sur le christianisme, le judaïsme ou le bouddhisme.

Les témoins des parties civiles étant moins nombreux, Maître Francis Szpiner apparaît comme le principal contradicteur, à la pugnacité jamais prise en défaut. Présent également vendredi à Cannes, il a qualifié le film d' »intellectuellement honnête », lui attribuant en outre une « valeur pédagogique ». « Chacun verra la qualité du débat (pendant le procès), débat qui fait honneur à la République », a-t-il dit.

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