OTTAWA (AFP) Le père et le frère d’Aqsa Parvez ont été condamnés mercredi à la prison à vie pour l’assasinat en 2007 de cette jeune fille de 16 ans, qu’ils ont reconnu avoir tuée parce qu’elle refusait de porter le hidjab (foulard islamique), a indiqué une source judiciaire.
Muhammad Parvez, un conducteur de taxi de 60 ans, et Wasqas Parvez, 29 ans, conducteur de dépanneuse, devront passer au moins 18 ans derrière les barreaux avant d’être éligibles à la libération conditionnelle, a précisé un employé de la Cour supérieure de l’Ontario à Brampton à l’AFP.
Selon un résumé des faits présenté devant le tribunal, le 10 décembre 2007, Wasqas Parvez est allé chercher sa soeur Aqsa à un arrêt d’autobus scolaire pour la ramener au foyer familial. Elle avait rompu les liens avec sa famille. C’est à son retour que son père l’a assassinée par strangulation.
Il a ensuite appelé les services d’urgence. « J’ai tué ma fille », a-t-il dit au téléphone, selon les documents de la cour. Des ambulanciers l’ont ensuite trouvée, étendue sur son lit, du sang coulant de son nez.
La femme de Muhammad Parvez, Anwar Jan, a raconté à la police que son mari avait tué la plus jeune de ses huit enfants en raison de son comportement rebelle.
« Ma communauté aurait dit que je ne contrôle pas ma fille. C’est une insulte », avait dit Muhammad, selon elle.
Originaire du Pakistan, la famille avait immigré au Canada entre 1999 et 2001. Les femmes devaient porter les vêtements traditionnels et étaient financièrement dépendantes des hommes.
Un an avant sa mort, Aqsa s’était plainte d’un « conflit à la maison à propos de différences culturelles entre leur vie au Canada et celle dans leur pays d’origine ».
Son père lui avait déjà choisi un mari au Pakistan, avait-elle dit à un conseiller scolaire.
Elle avait aussi raconté au directeur adjoint de son école « qu’elle ne voulait plus porter les vêtements traditionnels comme les autres femmes de sa famille et qu’elle ne voulait pas porter le hijab », mais qu’elle craignait la réaction de son père.
Selon des témoignages présentés pendant la procès, après sa première fugue, son père avait juré sur le Coran qu’il la tuerait si elle recommençait.
Mais, après plusieurs séances de consultation familiale, il avait accepté, en septembre 2007, qu’elle se procure des vêtements occidentaux.
Elle demandait toutefois plus de liberté, sa famille lui imposant de rentrer après les cours et refusant qu’elle travaille.