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A la recherche d’interlocuteurs modérés

cfcm_2.jpg(Le Monde)- L’offensive israélienne dans la bande de Gaza en janvier a eu, en France, une conséquence inattendue. Elle a relancé l’idée, récurrente et controversée, d’une institution non religieuse censée représenter la communauté de culture arabo-musulmane de France.

Ce projet, qui suscite des questions de principe et d’opportunité, amène aussi à s’interroger sur les carences d’une instance « représentative » musulmane, mise en place en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur.

Au plus fort des tensions communautaires qui se sont manifestées durant la guerre de Gaza, la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, souhaitant lancer un appel au calme dans les milieux juifs et musulmans, n’a eu d’autre choix que de réunir le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et le Conseil français du culte musulman (CFCM). Autant la présence du premier pouvait se justifier dans la mesure où les statuts du CRIF prévoient une solidarité explicite avec Israël, autant la convocation du second interroge, et ce, quelle que soit la popularité de la cause palestinienne dans les mosquées. Fallait-il demander à des responsables religieux musulmans une prise de position sur cette question politique ?

REPRÉSENTATION LAÏQUE

Sans doute pas. D’où l’idée, soutenue par le CRIF et des responsables politiques, y compris dans l’entourage de M. Sarkozy, de créer une représentation laïque, qui aurait entre autres avantages supposés celui de fournir des interlocuteurs officiels plus « modérés » que certains représentants religieux. Car là réside le fond du problème.

Le CFCM, tel que souhaité par M. Sarkozy, a intégré la plupart des composantes de l’islam, y compris ce que le ministre appelait alors « l’islam épicé », avec l’idée de mieux contrôler la radicalité de certains groupes, notamment l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), défenseur d’un islam revendicatif et identitaire, et particulièrement mobilisée par la cause palestinienne.

Aujourd’hui, affaibli par des tensions internes au CFCM et des antagonismes entre les différents pays d’origine, c’est au contraire le pendant modéré de l’UOIF, incarné par Dalil Boubakeur, responsable de la grande Mosquée de Paris, qui est en perte de vitesse. Du coup, des membres de sa fédération soutiennent la création d’une structure laïque, dans laquelle ils pourraient se retrouver. « Les juifs ont le CRIF, les noirs ont le CRAN, pourquoi pas nous ? » défend par exemple Kamel Kabtane, recteur de la grande Mosquée de Lyon.

Mais alors qu’un CFCM, aussi inefficace soit-il, avait pour vocation de régler les problèmes cultuels des fidèles (abattage rituel, cimetière confessionnel…), certains, y compris au sein de la communauté musulmane, s’interrogent sur la justification d’une nouvelle instance, qui risque surtout de renforcer un communautarisme assez peu républicain.

Le Monde 09/05/09

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