(France 24) – Alors que le mois de ramadan vient de s’achever, notre journaliste James André a enquêté dans les coulisses du Conseil français du culte musulman (CFCM). Cette institution a été lancée en 2002 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et des Cultes. L’objectif, au départ, était de permettre à la religion musulmane – la deuxième de France – de s’organiser et d’être représentée au sein du pays. Six ans après, l’institution est plombée par des enjeux économiques et des divisions autour du pouvoir .
Pendant le ramadan, chaque soir des centaines de fidèles viennent prier à la rupture du jeûne. Pour faire face à l’affluence, la mosquée d’Evry – la plus grande de France – fait appel à deux imams envoyés par le Maroc. Le recteur de la mosquée explique qu’un accord a été signé avec le ministère de l’Intérieur, qui est chargé du culte, pour que des imams répondent aux besoins des mosquées. 150 prédicateurs ont été envoyés par le Maroc pour le mois de ramadan. L’un d’eux, imam à Taroudant au Maroc, a été envoyé par le ministère des Affaires religieuses pour orienter les fidèles vers l’islam « modéré ».
A la fin du prêche, les fidèles ne sont pas tous du même avis. L’un d’eux approuve : « C’est mieux lorsque ce sont des imams venus du Maroc, il n’y a pas d’imams qui sachent vraiment prêcher en France ». Tandis qu’un autre déplore : « Il y a quand même des fidèles qui viennent d’Asie et d’Afrique et qui ont du mal à comprendre l’arabe, alors on aimerait avoir des imams qui parlent français. »Â
Ambiance houleuse
Depuis des décennies, Marocains et Algériens sont en compétition pour le contrôle de l’islam de France. La grande Mosquée de Paris – interlocuteur privilégié des autorités françaises – est financée et contrôlée par Alger. Son recteur, un Algérien, était le président du Conseil français du culte musulman. Depuis juin 2008, après des élections mouvementées, le CFCM est passé pour la première fois aux mains des Marocains.Â
Comme chaque année à l’occasion de ramadan, la Grande Mosquée de Paris a demandé à faire venir 100 imams d’Algérie mais le ministère français de l’Intérieur n’en a accordé que 76. Pour Dalil Boubaker, recteur de le Grande Mosquée, c’est un nouveau revers : « Je crois que l’Etat devrait faire attention pour que ses choix n’aient pas l’apparence de choix politiques, ce qui serait catastrophique. »Â
Pour décider de la date de l’Aïd el-fitr – la fête de la fin du ramadan – Marocains et Algériens du CFCM s’installent dans deux salles séparées. L’ambiance est houleuse et les journalistes sont priés de sortir. Devant les caméras, l’ancien et l’actuel président du CFCM se donnent du mal pour donner l’image d’un islam uni.
Source: France 24 / 3/10/2008
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