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Yémen: création d’un comité de lutte contre la « dépravation sociale »

SANAA (AFP) –Les courants conservateurs du pouvoir et de l’opposition islamiste au Yémen, ainsi que des chefs de tribus, se sont associés pour créer un « Comité de promotion de la vertu et de prévention du vice », rapporte mercredi la presse.

Ce comité rappelle celui qui chapeaute, dans l’Arabie saoudite voisine, la police religieuse.

La naissance de ce comité et l’alliance jugée contre nature entre le Congrès général populaire (le parti du président Ali Abdallah Saleh) et le parti islamiste d’opposition Al-Islah, ont été évoquées par la presse qui a couvert son congrès constitutif tenu mardi dans la capitale yéménite.

Les participants, réunis sous le slogan « pour que le navire (du Yémen) ne coule pas », se sont alarmés de la « dépravation » qui gagne la société et qui prend, selon eux, pour formes la consommation d’alcool, la mixité en milieu scolaire, la diffusion de chaînes de télévision « dépravées » et l’accès à l’internet sans contrôle.

Ils ont dénoncé aussi « le commerce du sexe » et les drogues mais n’ont pas mentionné la consommation de qat, une drogue légère et euphorisante, des feuilles d’un arbuste qui sont mâchonnées et que les réformateurs considèrent comme un fléau social, grevant les dépenses des ménages et affectant la rentabilité de la force de travail.

Les participants au congrès ont indiqué vouloir faire pression sur les autorités pour qu’elles agissent contre ces comportements sociaux « déviants ».

Ils n’ont pas annoncé d’intention de créer une police comme celle du comité frère saoudien qui contrôle, dans la rue et même chez les particuliers, les comportements jugés contraires à l’islam et dont l’action parfois brutale est dénoncée par les défenseurs des droits de l’Homme.

Mais le comité yéménite a décidé de créer des commissions de suivi dans les 21 provinces du pays et de tenir un congrès annuel.

Dominé par les sunnites, il s’en est pris par ailleurs à la rébellion des chiites zaïdites dans le nord du pays et aux « tenants de la sécession » du sud, les socialistes qui gouvernaient l’ancien Yémen du sud avant l’unification du pays en 1990.

Parmi les animateurs du congrès, figurent Sadek Abdallah Al-Ahmar, le chef de la puissante tribu des Hached et le théoricien du parti Al-Islah, cheikh Abdel Majid Al-Zindani qui est accusé depuis 2004 par les Etats-Unis de soutien au terrorisme mais qui n’a jamais été inquiété par les autorités.

La naissance du comité a donné lieu à des réactions indignés dans les milieux libéraux, un rassemblement d’intellectuels, le Mouvement pour la paix sociale, disant craindre, dans un communiqué, l’émergence d’une forme de « terrorisme intellectuel (…) et un retour à l’obscurantisme.

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