PARIS (AFP) -L’ancien Premier ministre socialiste, Laurent Fabius, s’est déclaré jeudi « ouvert » à une « loi ou une résolution » contre le port du voile intégral, tout en estimant que le Conseil constitutionnel devrait se prononcer au préalable.
« Si une résolution ou une loi permet d’appliquer cette détermination anti-burqa dans le respect de la constitution et de façon utile, pourquoi pas? », a déclaré M. Fabius, interrogé sur LCI sur la position du chef de l’Etat.
Nicolas Sarkozy a déclaré mercredi qu’il souhaitait une résolution parlementaire « sans ambiguïté », avant un texte de loi, pour interdire le port du voile islamique intégral en France.
« Moi je suis ouvert, cela dépend de ce qu’il y a dans le texte, on ne vote pas les yeux fermés », a assuré M. Fabius, appelant à ne « pas sombrer dans le ridicule de prendre un texte qui serait anticonstitutionnel ».
Selon le député socialiste, « le président de l’Assemblée, qui en a la possibilité, devrait consulter le Conseil constitutionnel, avant que le texte ne soit présenté ».
En réaction à cette déclaration, l’entourage du président de l’Assemblée Bernard Accoyer (UMP) a tenu à préciser à l’AFP que ce dernier ne pouvait pas dans cette affaire saisir le Conseil constitutionnel, mais le Conseil d’Etat.
« Le président de l’Assemblée peut demander avis au conseil d’Etat avec l’accord de l’auteur de la proposition de loi », a-t-on indiqué. « En aucun cas, il ne peut consulter le Conseil constitutionnel. Le seul cas, c’est lorsqu’un texte a été voté dans les deux chambres » parlementaires.
Résolu à prohiber la burqa dans « les lieux qui accueillent du public », M. Fabius a jugé en revanche que pour son interdiction dans la rue, la question « de savoir si c’est conforme à la Constitution et aux engagements européens » n’était « pas tranchée ».
Qualifiant le port du voile intégral d' »atteinte à la dignité », il a toutefois mis en garde contre « une espèce de surenchère » dans « certains partis politiques » et contre un « amalgame » entre « la burqa et la pratique religieuse normale ».
La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, s’était, elle, prononcé dès mardi contre une « loi de circonstance » sur le voile intégral, estimant que le droit actuel permettait d’en « empêcher » le port.