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Turquie: son parti menacé, Erdogan fustige une « atteinte à la volonté nationale »

erdogan_1.jpgANKARA (AFP) – Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le parti gouvernemental pourrait être interdit pour activités anti-laïques, a dénoncé samedi le recours en justice réclamant la dissolution de sa formation comme une « atteinte à la volonté nationale ».

« Le recours ne vise pas le Parti de la justice et du développement (AKP) mais la volonté nationale », a-t-il dit lors d’une réunion de la formation qu’il dirige à Siirt (sud-est) et retransmise à la télévision.

M. Erdogan réagissait pour la première fois en public à la demande déposée devant la cour constitutionnelle de dissoudre sa formation, issue de la mouvance islamiste.

Il a rappelé que 16,5 millions d’électeurs avaient voté pour l’AKP aux dernières législatives de juillet 2007, obtenant près de 47% des voix.

« Personne ne peut dire que ces gens sont le foyer d’activités anti-laïques », comme le souligne l’acte d’accusation du procureur Abdurrahman Yalçinkaya, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre s’est en aussi pris à ce procureur, soulignant qu’aucune institution judiciaire ne pouvait « ignorer » la volonté du peuple et indiqué que « ceux qui ont apporté une telle honte et injustice subiront les conséquences de ce recours irresponsable ».

M. Erdogan, un ex-islamiste qui nie son passé, a défendu que l’AKP était « un parti luttant pour la démocratie » et qu’il a favorisé l’adoption de réformes importantes dans la perspective d’une éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Dans ce contexte, le commissaire à l’Elargissement de l’UE avec laquelle Ankara mène des négociations d’adhésion depuis 2005, a appelé samedi la justice turque à ne « pas se mêler de politique démocratique ».

« Dans une démocratie européenne normale, les problèmes politiques sont débattus au Parlement et tranchés par les urnes, pas dans les tribunaux », a déclaré Ollie Rehn à Bruxelles.

L’acte d’accusation de 162 pages du procureur Yalçinkaya accuse l’AKP d’être « devenu un foyer d’activités allant à l’encontre de la laïcité » et de vouloir infiltrer toutes les institutions de l’Etat pour établir un système « inspiré des modèles islamiques », selon les médias.

Le procureur cite aussi la récente libéralisation du voile islamique à l’Université, dont l’application est toujours suspendue à une décision de justice, et rappelle aussi la tentative d’interdire l’alcool dans certains quartiers ou l’invocation des oulémas plutôt que des juges pour trancher des questions de société.

Le procureur réclame que 71 membres de l’AKP soient interdits de faire de la politique pendant cinq ans.

Parmi ceux-ci figurent les noms de M. Erdogan, du président Abdullah Gül, et de l’ancien président du Parlement Bülent Arinç.

Si la Cour constitutionnelle accepte lundi lors d’une session le dossier du procureur, elle demandera à l’AKP de préparer sa défense dans un délai d’un mois, extensible, et il faudra sans doute des mois avant que l’AKP soit entendu.

M. Gül a été membre de l’AKP et ministre des Affaires étrangères avant de démissionner l’été dernier de ses fonctions pour pouvoir devenir président au terme d’une crise institutionnelle sur la laïcité sur fond d’avertissement de l’armée, gardienne des principes laïcs.

Depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002, le parti et M. Erdogan n’ont jamais su convaincre les laïcs qui l’accusent de vouloir mener une islamisation rampante de la Turquie, à 99% musulmane mais au régime laïc.

Le ministre de la Justice Mehmet Ali Sahin a affirmé samedi que l’AKP et la démocratie turque sortiraient renforcés de ce processus.

Le président du Parlement, Köksal Toptan, membre de l’AKP, a quant à lui affirmé que « personne ne pouvait faire régresser la Turquie », assurant que son parti était respectueux des principes établis par Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République laïque.

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