ANKARA (AFP) -L’armée turque a refusé de participer vendredi soir à une réception officielle organisée au palais présidentiel en raison du voile islamique porté par la Première dame, une décision critiquée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan dont l’épouse est également voilée.
Les plus haut représentants de l’armée étaient les grands absents du banquet offert par le président Abdullah Gül à l’occasion de la fête de la République, commémorant la création de la Turquie moderne et laïque en 1923.
L’armée a organisé une réception séparée aux mêmes heures que le banquet, une façon pour les généraux d’avoir un prétexte pour ne pas répondre à l’invitation du chef de l’Etat.
Le principal parti d’opposition laïque, le parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a également décliné l’invitation de M. Gül, rapportent les journaux.
Mme Gül porte le hijab, qui couvre la tête et le cou, depuis l’adolescence. Les laïcs, dont l’armée, considèrent le foulard islamique comme un défi à la laïcité et craignent toute mesure qui assouplirait son interdiction dans les administrations et les écoles.
Hayrünnisa Gül et Emine Erdogan, ainsi que les femmes de nombre de dirigeants de l’AKP portent des foulards strictement attachés qui couvrent le cou par-dessus un type de bonnet cachant les cheveux.
M. Erdogan qui dirige la Turquie à la tête d’un gouvernement islamo-conservateur depuis 2002, a critiqué les généraux, affirmant: « Les forces armées devaient être présentes ici » au palais présidentiel.
Dans le passé, les généraux participaient au banquet pour la fête de la République mais cette année, le chef de l’Etat a adressé une invitation pour les épouses des participants, ce qui implique que les femmes voilées pouvaient assister à la réception.
M. Gül est un ancien cadre de l’AKP qui oeuvre depuis son arrivée au pouvoir pour la levée de l’interdiction frappant le voile dans la fonction publique et les universités.
L’interdiction dans les facultés a été nettement assouplie ces dernières semaines par le Conseil de l’enseignement supérieur, une institution longtemps bastion du camps laïque, dirigée désormais par un fidèle de M. Erdogan.