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Tunisie: entre les salafistes jihadistes et EnnahdhaGhannouchi siffle la fin de la récréation

Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, a-t-il décidé de siffler la fin de la récréation avec les salafistes ?
La question s’impose, à la lumière des déclarations qu’il a faites, hier, à une agence de presse et une télé  étrangères estimant que «les salafistes jihadistes sont un danger, qu’il faut être ferme, serrer la vis et insister sur le maintien de l’ordre».
«Ces gens-là, ajoute-t-il, représentent un danger non seulement pour Ennahdha mais aussi pour les libertés publiques dans le pays et pour sa sécurité».
La Presse a sondé la réaction de certains acteurs du paysage politique national en leur posant les deux questions suivantes :
— La déclaration de Ghannouchi est-elle une déclaration purement tactique ?
— La réaction du président d’Ennahdha intervient-elle trop tard ?
Réactions.

Ahmed Brahim, président d’Al Massar : Le double langage ne peut plus continuer

Les déclarations de Ghannouchi à l’AFP rejoignent le discours que nous ne cessons de répéter depuis que les salafistes ont investi la rue, se comportant comme bon leur semble au vu et au su des autorités qui les ont laissés faire. Malheureusement, il y a trop de mansuétude, de compréhension, voire de complaisance de la part des autorités à l’égard de ces groupes hors-la- loi. Cette déclaration du président d’Ennahdha à une agence étrangère, on voudrait bien la voir suivie par d’autres déclarations livrées à la presse nationale.
S’agit-il d’un discours adressé exclusivement à l’étranger?
Si elle marque le début d’une prise de conscience quant à la nécessité d’appliquer la loi et de faire face sérieusement aux salafistes, elle est la bienvenue. Toutefois, je crains fort que le double langage continue surtout quand on se réfère aux déclarations d’autres responsables d’Ennahdha et plus particulièrement de ses constituants lors du débat organisé récemment à l’ANC.
L’opinion publique a l’impression qu’il y a un partage des rôles entre les dirigeants de ce parti. De toutes les manières, la complaisance du gouvernement à l’égard des salafistes doit cesser immédiatement.

Issam Chebbi, porte-parole du parti Al Joumhouri : Nous attendons  de voir les déclarations de Ghannouchi concrétisées

La déclaration de Ghannouchi et sa reconnaissance  du danger que représentent les salafistes sont justes mais, malheureusement, elles interviennent trop tard.
Nous avons déjà dénoncé les pratiques des salafistes quand ils se sont attaqués impunément aux libertés, ont menacé de mort certains hommes politiques et ont obligé le ministère de la Culture à annuler, lors de la saison estivale, quelque 89 manifestations culturelles, comme l’a reconnu le ministre de la Culture.
Nous avons appelé à ce que ce phénomène soit traité en imposant l’application de la loi. Aujourd’hui, nous craignons que le traitement de ce danger coûte  cher à la Tunisie, au vu du retard qu’a pris la résolution de ce dossier.
De toutes les manières, au parti Al Joumhouri, nous sommes toujours pour  l’application de la loi et contre le recours aux solutions sécuritaires, d’une manière exclusive. Ces solutions ont déjà échoué, de par le passé, à l’époque du régime déchu.
Notre espoir est que les déclarations de Cheikh Ghannouchi se traduisent, effectivement, dans les orientations et la politique d’Ennahdha et ne soient pas destinées uniquement à l’étranger.

Walid Bennani, membre du bureau exécutif d’Ennahdha : Il est temps d’appliquer la loi, dans le strict respect des droits de l’Homme

La déclaration de Cheikh Rached Ghannouchi n’est pas arrivée trop tard — comme d’aucuns peuvent le prétendre — puisque l’attaque perpétrée contre l’ambassade américaine constitue une ligne rouge qu’il ne fallait absolument pas dépasser, dans la mesure où il s’agit de la préservation de la sécurité nationale.
Cette attaque a donné une mauvaise image de la religion islamique et représente un acte inadmissible que tous les partis politiques et la société civile ont le devoir de dénoncer fermement. Cheikh Rached — comme Ennahdha dans son communiqué de dénonciation de cette attaque — a fait la distinction entre les salafistes durs qui prônent la violence d’une part et les autres salafistes qui ont une autre approche ou compréhension de l’Islam, différente de celle d’Ennahdha, d’autre part.
Il est temps qu’on prenne conscience des dangers qui menacent notre révolution pacifique qui a diffusé une belle et reluisante image de notre pays et de ses jeunes.
Il est temps également d’appliquer la loi dans le strict respect des droits de l’Homme.
Quant à ceux qui pensent que la déclaration du président d’Ennahdha est destinée à l’étranger, je leur réponds que c’est un discours d’un responsable national qui a peur pour  l’avenir de son pays.

(La Presse, 22/09/2012)

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One comment

  1. Bonjour,

    Il serait intéressant de savoir quel pourcentage de la population tunisienne représentent ces extrémistes de tous poils. Si ce pourcentage est faible (ce que je pense) comment une minorité d’excités peut-elle dicter sa loi à tout un peuple ? Il me semble peu probable que le peuple tunisien accepte une telle régression… et le grand balancier de l’Histoire atteindra bientôt son point d’équilibre.

    Cordialement / CL

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