NANTERRE (AFP) –Les deux enfants d’une adepte de l’Eglise de Scientologie, qui demandent que la justice fasse la lumière sur le suicide de leur mère, devraient être entendus dans les prochains jours par des enquêteurs, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Le 21 décembre 2006, Gloria Lopez, qui faisait partie de la Scientologie depuis une dizaine d’années, avait mis fin à ses jours à l’âge de 47 ans, en se faisant happer par un train à la gare de Colombes (Hauts-de-Seine).
Sa famille avait découvert à son domicile de nombreuses lettres écrites de sa propre main et des documents montrant qu’elle avait dépensé « des sommes très importantes » au profit de l’Eglise de Scientologie, « au moins 200.000 euros », selon son ex-époux, Pascal Le Berre.
« A la vue de ces documents, il est évident que la Scientologie a profité d’elle et l’a escroquée. Elle était endettée auprès des banques et avait dilapidé un héritage pour acheter des cours à l’avance et grimper dans la hiérarchie » du mouvement, a-t-il expliqué à l’AFP.
« Pour nous, il y a un lien entre la mort de ma mère et la Scientologie », a ajouté l’un des deux enfants de Mme Lopez, Gwenn Le Berre, 19 ans.
Le jeune homme et sa soeur, qui ont annoncé leur intention de déposer une plainte avec constitution de partie civile, doivent être entendus par des enquêteurs de l’Office central de répression de la violence contre les personnes (OCRVP).
Dans un communiqué transmis mardi à l’AFP, l’église de Scientologie dit regretter « vivement que les choses aient pris cette tournure » mais qu’elle ne tolérera « pas plus longtemps que l’on continue à tenir à notre encontre des propos diffamatoires et à mener des actions qui s’apparentent à un chantage médiatique ».
La famille a également dénoncé des « pressions » de la Scientologie pour obtenir son silence.
Selon une note des Renseignements généraux, révélée par Libération et Le Parisien, et dont la teneur a été confirmée à l’AFP par une source proche du dossier, les proches de Mme Lopez avaient en effet été approchés immédiatement après sa mort pour leur proposer une transaction financière contre la promesse de ne pas engager de poursuites contre la Scientologie.
Devant le refus de la famille, « diverses manoeuvres dilatoires étaient mises en oeuvre », selon les extraits révélés par les journaux, notamment une sorte d' »enquête de moralité » menée par un membre de la Scientologie auprès des élèves de Pascal Le Berre, enseignant de profession.
Une version des faits erronée selon la Scientologie, qui affirme qu' »en réalité, c’est M. Gwenn Le Berre qui a le premier appelé l’Eglise le 23 décembre 2006″.
La Scientologie dénonce également le rôle que jouerait dans cette affaire une association de défense des victimes de sectes, l’Unadfi.
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