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« Noor » : défense d’un islam des Lumières

Dieu est ma lumière. » Tel est le sens du mot « Noor », en arabe dans le texte. Titre habillement choisi pour porter la nouvelle revue pour un islam des Lumières. Lancée le 4 mai, Noor se présente comme le porte-voix de l’association APF pour un islam des Lumières, créée par le philosophe Malek Chebel.

Ce dernier justifie sa démarche dans un éditorial détaillé, prolongé par un Quid de Noor en fin de revue. «  L’idée est de favoriser une meilleure connaissance de l’islam, comme civilisation dans l’Histoire et à travers le monde, mais dans une approche contemporaine et proche de la vie comme elle se vit aujourd’hui« , écrit-il.

Qu’est-ce que l’islam aujourd’hui ? Quels sont les contours d’une des plus anciennes civilisations au monde ? Qui la représente-t-elle culturellement, politiquement ? Quel est son message ? Après les révoltes des « printemps arabes » en 2011, il a paru indispensable aux intellectuels de culture arabo-musulmane de se pencher sur toutes ces questions.

Apporter des réponses au travers d’« initiatives, de dialogues, de réflexions, de médiations sur les sujets afférents à l’islam dans son interaction avec le monde actuel », voilà l’ambition de la revue Noor.

NOUVELLES TENDANCES INTELLECTUELLES

En France, en tout cas, ce besoin d’espace d’expression se développe à grande vitesse. Déjà, Rukh, jeune magazine dédié aux nouvelles tendances intellectuelles autour du Moyen-Orient, s’est-il revendiqué comme le creuset de « réflexions de qualité sur l’évolution des sociétés arabes contemporaines ».

Avec Noor, on plonge dans le parallèle avec l’époque des Lumières, ce temps béni des philosophes du XVIIIe siècle durant lequel s’est produite une véritable révolution de la pensée face à l’absolutisme du régime. Un « islam des Lumières », clame Noor, comme pour mieux éclairer la société sur cette religion et sa culture, devant le retour en force des extrémismes.

Dans le premier numéro de cette revue on croise alors de belles signatures. Historiens, artistes, intellectuels se côtoient pêle-mêle. La réalisatrice de documentaires Nadia El-Fani croise l’historien Adel Ltifi. L’artiste syro-libanaise, Darina Al-Joundi, raconte son combat contre le voile en France, tandis qu’Ismaël Kadaré, l’écrivain albanais cité plusieurs fois pour recevoir le prix Nobel de littérature, partage le sommaire avec Fellag, l’humoriste algérien. Encore, le prix Goncourt 2008, Atiq Rahimi vient-il présenter trois manuscrits en persan avec calligraphies.

Le support est élégant. Format carré pareil à un livre pour enfants que l’on se transmet entre frères et sÅ“urs. Noor offre une architecture avenante pour le plaisir de la lecture enfoncé dans son fauteuil en fin de journée.

On découvre et on apprend aussi avec le portrait de Mahmoud Mohamed Taha, « un réformateur courageux et méconnu ». Cet homme politique d’origine soudanaise, né au début du XXe siècle, est présenté comme l’un des réformateurs de l’islam. Musulman progressiste, il se base sur certains versets du Coran qui autorisent les musulmans pieux à avoir une compréhension éclairée de l’islam.

Mahmoud Mohamed Taha était opposé à la charia, car il considérait qu’elle n’était pas conforme aux préceptes de l’islam. Il prônait un retour vers les sourates les plus anciennes de La Mecque, celles considérées comme les plus pacifiques.

Une belle leçon de paix que ce recueil d’articles associés dans Noor. Un premier numéro réussi donc. Un deuxième prévu pour décembre, en attendant des développements audio et vidéo, selon le souhait de la rédaction du titre.

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