DAKAR (Reuters) – Les chefs d’Etat et de gouvernement musulmans ont critiqué jeudi une vague croissante d’islamophobie en Occident, imputable en partie à l’extrémisme islamiste qu’ils ont fait voeu de combattre.
Réunis en sommet à Dakar, les 57 membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) ont entamé deux jours de discussions visant à rendre l’organisation plus efficace dans la lutte contre la pauvreté et à modifier sa charte en mettant l’accent sur la modération et la tolérance de l’islam.
Selon le secrétaire général de l’OCI, le Turc Ekmeleddine Issanoglu, les amendements apportés aux 40 articles de la charte aideront l’OCI devront aussi insister sur la nécessaire solidarité active entre ses membres, qui vont de la riche Arabie saoudite aux pays pauvres de l’Afrique sub-saharienne, jusqu’à l’Indonésie.
« Nous traversons des temps difficiles dans nos relations avec le monde occidental », a déclaré Issanoglu. « L’ignorance de l’islam et l’animosité calculée et profondément enracinée dans l’histoire de la part d’une minorité en Occident, ainsi que notre échec à défendre les vraies valeurs de l’islam, sont la raison de cette vague croissante d’islamophobie », a-t-il ajouté.
Les efforts de « toilettage » de la charte se heurtent cependant à des difficultés. Les ministres des Affaires étrangères de l’OCI ont mis fin mercredi à leurs discussions sans parvenir à un accord, après s’être pourtant donné une journée supplémentaire.
L’une des grandes réformes envisagées serait de basculer vers une prise de décision à la majorité des deux tiers, au lieu de l’unanimité qui prévaut actuellement.
« Nous sommes sur le point d’adopter la charte, j’espère aujourd’hui. C’est aux chefs d’Etat de prendre la décision », a déclaré le président sénégalais Abdoulaye Wade.
L’absence de « poids lourds » du monde musulman, du roi Abdallah d’Arabie saoudite au colonel libyen Mouammar Kadhafi ou au président pakistanais Pervez Musharraf, a incité certains délégués à réclamer que toute décision sur la charte soit reportée jusqu’au prochain sommet de l’organisation, dans trois ans au Caire.