RABAT, 21 déc 2009 (AFP) – Les mosquées érigées dans les pays d’accueil doivent jouer « un rôle citoyen » et « cesser d’être repliées sur elles-mêmes », a estimé lundi Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME).
« Il faut d’abord prendre acte et respecter le cadre juridique des pays d’accueil, a-t-il déclaré dans un entretien avec l’AFP. C’est un cadre marqué par une laïcité culturelle ».
« Ensuite, a-t-il ajouté, il faut se consacrer à la formation des cadres religieux. Ils doivent avoir un discours adapté à la réalité culturelle et historique du pays d’accueil ».
« Pour ceux qui sont par exemple en France, ils doivent au moins connaître la loi de 1905 », sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, a expliqué M. El Yazami, estimant que dans ce contexte les musulmans « sont une minorité et doivent, en conséquence, s’adapter à un contexte confessionnel pluraliste ».
« Par ailleurs, a souligné le président du CCME, il faut faire en sorte que les mosquées jouent un rôle citoyen. Elles doivent cesser d’être repliées sur elles-mêmes ».
A propos des migrations, Driss El Yazami a souligné que le phénomène migratoire au Maroc « n’est plus une affaire d’hommes » et que « les femmes représentent plus de 50% des immigrés marocains ».
« Les femmes ont pendant longtemps accompagné leurs maris, pères ou frères. Aujourd’hui, non seulement elles migrent de manière autonome, mais elles sont devenus initiatrices du départ des membres mâles de la famille », a-t-il expliqué.
« La féminisation est une mutation fondamentale de la migration marocaine », a-t-il noté, et il faut désormais tenir compte de « cette réalité nouvelle ».
« Les conséquences de cette féminisation sur le plan économique, en termes de rapports avec la famille et au niveau des rapports homme-femme, sont encore méconnues », a conclu M. El Yazami.