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Le système belge de financement des cultes est étendu aux musulmans

islam-belgique.jpgLa Région wallonne a décidé de reconnaître officiellement 43 mosquées, ce qui leur donne accès aux subventions que la Belgique accorde à cinq autres religions, ainsi qu’à la laïcité organisée. Suite à la signature d’un décret, mardi 19 juin, par Philippe Courard, ministre (PS) régional des affaires intérieures, le salaire et la retraite des imams seront payés et l’entretien des mosquées pris en charge. En échange, elles seront obligées de se doter de la personnalité juridique et d’un comité de gestion, et leurs comptes seront contrôlés.

 

La dépense annuelle pour la Région wallonne devrait avoisiner 700 000 euros, estime Mireille Francotte, conseillère juridique de M. Courard. Et c’est le ministère fédéral de la justice qui prendra en charge le salaire et la retraite des imams – d’un à trois par mosquée.

Bruxelles et la Flandre, les deux autres régions belges, elles aussi en charge de l’organisation matérielle et du fonctionnement des cultes, devraient reconnaître prochainement d’autres lieux de culte musulman. Cinq à Bruxelles et une petite dizaine en Flandre, semble-t-il.

Au total, une soixantaine de mosquées devraient donc bénéficier d’une reconnaissance officielle. C’est bien moins que les 120 annoncées par le ministère de la justice en 2004, lors d’une révision de la loi. Les procédures de reconnaissance ont été plus longues que prévu en raison, notamment, d’un contrôle renforcé de la Sûreté de l’Etat, les services de renseignement intérieur. S’ajoutant à l’obligation, pour les mosquées, de satisfaire à diverses normes (espace, sécurité, salubrité, etc.), ces contrôles ont entraîné le rejet de nombreux dossiers introduits par l’Exécutif des musulmans, le « gouvernement » reconnu des 400 000 adeptes belges de l’islam. Cinq mosquées wallonnes, une vingtaine de bruxelloises et une autre vingtaine de flamandes n’obtiendront pas la reconnaissance qu’elles souhaitaient. Les mosquées arabes recalées devraient être plus nombreuses que les turques.

Certains refus d’agrément résultent des conclusions de la Sûreté de l’Etat. « Des mosquées pratiquent un islam trop « dur », d’autres bénéficient d’un financement direct de la part d’Etats étrangers que l’on peut qualifier d’intégristes », explique une source proche de ce service.

« EVOLUTION DE LA SOCIÉTÉ »

L’islam a été officiellement reconnu en 1974. Il aura dû attendre plus de 30 années pour obtenir une reconnaissance qui devrait permettre de clarifier, en partie, non seulement son financement mais ses structures et ses pratiques.

La Constitution belge avait reconnu, dès 1830, le catholicisme, le judaïsme et le protestantisme. Affirmant la séparation de l’Etat et des Eglises, elle admettait toutefois le principe du financement des ministres du culte. La religion orthodoxe, le culte anglican et la laïcité ont été reconnus au XXe siècle, le bouddhisme devrait l’être prochainement. « Malgré le caractère étriqué des textes de départ, l’Etat belge a toujours su faire preuve de pragmatisme pour prendre en compte l’évolution de la société, souligne Jean-François Husson, responsable d’Oracle, une unité de recherche sur les cultes. Aujourd’hui, le système atteint toutefois ses limites. »

Les représentants de la laïcité et d’autres cultes dénoncent, en effet, les privilèges dont bénéficie, à leurs yeux, le catholicisme. Celui-ci récolte, au total, 75 % des 103 millions d’euros que l’Etat accorde annuellement aux différents cultes. Ils plaident pour une révision des critères de financement, soulignant que 10 % des catholiques belges seulement seraient pratiquants. D’autres personnes réclament l’instauration d’un impôt « philosophiquement dédicacé » : le contribuable choisirait lui-même d’affecter une partie de ses impôts à l’un ou l’autre culte, ou au mouvement laïque.

 

Jean-Pierre Stroobants, Le Monde 27/06/2007

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