(AP)- Muntadar al-Zeidi, le journaliste irakien qui a lancé dimanche ses chaussures à la tête du président américain George W. Bush, a reçu mercredi en détention la visite d’un juge, a déclaré le frère du journaliste Dhargham al-Zeidi, qui a fait état de violences contre son parent.
Muntadar al-Zeidi, correspondant de la chaîne irakienne Al-Bagdhadia, basée au Caire, a jeté ses chaussures l’une après l’autre en direction du président Bush, qui les a esquivées, dimanche lors d’une conférence de presse à Bagdad.
Les membres de sa famille se sont rendus mercredi au tribunal, espérant pourvoir assister à la comparution, selon le frère du journaliste. Mais, ajoute-t-il, on leur a expliqué que le juge d’instruction chargé de l’enquête a rendu visite à Muntadar al-Zeidi en prison.
« Cela signifie que mon frère a été sévèrement battu et qu’ils craignent que son apparition dans le tribunal suscite de la colère » a affirmé Dhargham al-Zeidi. Les autorités irakiennes et un autre frère du journaliste ont démenti que Muntadar al-Zeidi souffre de plusieurs blessures sérieuses, après avoir été plaqué au sol lors de son arrestation.
Détenu pour offense à un chef d’Etat étranger, le journaliste est passible d’une peine maximale de deux ans d’emprisonnement. Selon la loi irakienne, le dossier est instruit par un juge qui après examen des faits peut demander, ou non, le renvoi de l’affaire devant un tribunal. Le processus peut s’étaler sur plusieurs mois.
La Maison Blanche a estimé mardi qu’il appartenait aux autorités irakiennes de déterminer s’il y a lieu de sanctionner le journaliste.
Mercredi pour la troisième journée consécutive, environ 1.500 manifestants sont descendus dans les rues de Bagdad pour demander la libération de Muntadar al-Zeidi, devenu un héros dans le monde arabe. L’affaire a eu des répercussions jusqu’au Parlement irakien, où les partisans du leader chiite radical Moqtada al-Sadr ont interrompu mercredi la séance.
Ils ont estimé que les députés feraient mieux de se saisir de l’affaire al-Zeidi, plutôt que d’examiner une proposition de loi appelant au retrait de tous les soldats autres qu’Américains d’Irak d’ici fin juin 2009. Le ton est rapidement monté, chacun tentant d’exposer ses arguments en hurlant. Le président du Parlement Khalid al-Attiyah, excédé, a fini par annoncer sa démission. Un responsable de la présidence du Parlement pense que M. Al-Attiyah a agi sous le coup de la colère, laissant entendre qu’il pourrait revenir sur sa décision.
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