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Le Hamas dit avoir repris le contrôle de la Bande de Gaza

Gaza_1_2.jpgAP- 24/01/2009: Depuis une semaine que la trêve est en vigueur sur la Bande de Gaza, mettant un terme à l’offensive israélienne, le Hamas a crié victoire et mis tout en oeuvre pour montrer qu’il n’a rien perdu de sa mainmise sur le territoire désormais dévasté.

Comme autrefois le Hezbollah après la guerre qui l’opposa à Israël au Liban, des membres barbus du Mouvement de la résistance islamique ont commencé vendredi à distribuer une aide financière, en espèces sonnantes et trébuchantes et en dollars, à ceux qui ont perdu leur maison dans les frappes israéliennes.

Le Hamas, dont les caisses seraient approvisionnées par l’Iran et des dons dans le monde musulman, s’est engagé à débloquer 52 millions de dollars (40 millions d’euros) pour reconstruire les vies brisées des Gazaouis. Cette aide d’urgence comprendra 1.300 dollars (1.001 euros) pour chaque décès dans une famille, 650 (500 euros) pour chaque blessé, 5.200 (4.004 euros) pour une maison détruite et 2.600 (2.002 euros) pour une maison endommagée.

« Nous avons le contrôle, et nous sommes vainqueurs », affirmait le député Hamas Mushir al-Masri en assistant cette semaine aux funérailles de quatre combattants du Hamas.

Mais les infrastructures du Mouvement ont été mises à mal: toutes les installations et casernes de ses forces de sécurité, ainsi que la plupart des bâtiments gouvernementaux. Israël dit avoir tué plus de 700 combattants, le Hamas parle lui de 280, des policiers pour la plupart. Et les deux principaux chefs gazaouis du Hamas, son homme fort Mahmoud Zahar et le Premier ministre Ismaïl Haniyeh n’ont toujours pas été revus en public.

Au-delà des pertes, le Hamas est confronté à un choix déterminant: continuer à combattre et aggraver les souffrances de la population, ou se modérer, en échange de l’ouverture des frontières et d’une stabilité relative.

Depuis 19 mois que le Mouvement a pris le contrôle du territoire par les armes, Gaza étouffait sous le blocus imposé par Israël et l’Egypte, et la guerre n’a fait qu’accentuer misère et pénuries.

Jeudi, près de Deir el-Balah, des centaines de personnes se pressaient sur la principale route nord-sud, la rumeur s’étant répandue que du gaz de cuisine allait être distribué. Hamad Abu Shamla, 24 ans, est reparti les mains vides, après avoir attendu sept heures. La famille de ce charpentier, au chômage à cause du blocus, n’a pas eu de gaz pour cuisiner depuis cinq mois, vivant principalement de pain et de conserves.

Selon les premières estimations, deux milliards de dollars sont nécessaires pour la reconstruction, mais la communauté internationale refuse pour l’instant de fournir des fonds directement au Hamas.

Et ce dernier repousse l’idée de constituer un gouvernement d’union nationale avec ses rivaux modérés du Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il résiste aussi à ce que le Fatah ou des observateurs internationaux soient déployés pour empêcher l’entrée d’armes de contrebande dans le territoire.

Avant la guerre, les souffrances de la population étaient tempérées par la contrebande, via les centaines de tunnels reliant Gaza au reste du monde, en l’occurrence le territoire égyptien, et par où entraient argent, biens commerciaux.

Mais aussi, selon Israël, les armes, explosifs et roquettes utilisés par le Hamas contre le sud de l’Etat hébreu. Ces tunnels ont donc été bombardés en priorité.

Les responsables du Hamas disent aujourd’hui avoir besoin de frontières ouvertes pour reconstruire Gaza. Mais ils restent flous sur comment obtenir la levée du blocus tout en maintenant leurs exigences.

Et le Mouvement, qui au cours du conflit est apparu divisé entre sa direction en exil à Damas et les Gazaouis, prend un risque en gardant sa ligne dure: le soutien populaire actuel, alimenté par la colère face à Israël, pourrait s’éroder rapidement, les 1,4 million de Gazaouis étant à bout de ressources. Le blocus a déjà privé de travail des dizaines de milliers d’entre eux, la plupart des usines du territoire avaient fermé et l’approvisionnement en eau et électricité était déjà totalement erratique avant la guerre.

Shehadeh Shehadeh, 39 ans, chef pâtissier, a voté pour le Hamas en 2006, mais veut le voir aujourd’hui adopter une ligne plus pragmatique. Il ne peut plus faire nombre de ses gâteaux, faute d’ingrédients qu’il ne trouve qu’en Israël, et les vitres de son appartement ont toutes été brisées dans les attaques israéliennes.

Comme de nombreux Gazaouis, il veut qu’Hamas et Fatah se réconcilient, et que les points de passage soient rouverts. « Je veux que ça s’arrête, respirer un peu, vivre. Jusqu’à quand dirons-nous que nous voulons la résistance, que nous voulons la guerre? ».

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