Par: Andreï Mourtazine, RIA Novosti- Le 5 juin 1967 commença la plus courte guerre arabo-israélienne de l’histoire. Elle ne dura que 6 jours, et se termina le 10 juin par une défaite foudroyante des Arabes. C’est à la suite de ce conflit que la péninsule du Sinaï, les hauteurs du Golan, la Cisjordanie et la bande de Gaza furent occupés par Israël. Les Arabes ont pu retrouver une partie de ces territoires (le Sinaï) seulement 15 ans plus tard. Les autres (hauteurs du Golan et territoires palestiniens) font aujourd’hui l’objet de négociations multilatérales, pour l’instant sans progrès particulier.
Pourquoi les Arabes ont-ils essuyé une défaite aussi foudroyante? Ni l’armée égyptienne, ni l’armée syrienne n’étaient prêtes à la guerre, bien que les généraux hauts placés de ces pays, surtout égyptiens, assuraient qu’ils raseraient « l’entité sioniste » de la surface de la terre.
Le casus belli fut fourni aux Israéliens par le président égyptien Gamal Abdel Nasser lui-même. Le 18 mai, le gouvernement égyptien demanda au Conseil de sécurité de l’ONU de rappeler ses forces de paix introduites en 1957 à Gaza et dans la péninsule du Sinaï. U Thant, alors secrétaire général de l’ONU, accepta, et les forces de l’ONU se retirèrent dans les plus brefs délais. Le 22 mai, leurs positions furent occupées par les militaires égyptiens. Le 28 mai 1967, l’Egypte annonça le blocus du détroit de Tiran (donnant accès au golfe d’Aqaba) pour les navires israéliens et ceux des pays acheminant des marchandises stratégiques jusqu’au port israélien d’Eilat. Israël y vit une déclaration de guerre tacite et porta par conséquent un coup préventif.
Fait paradoxal: les étapes du plan d’attaque contre les Arabes furent annoncées par les médias israéliens quelques jours avant le début de la guerre. Les Arabes n’y crurent pas. Ainsi, la Voix d’Israël et le Jerusalem Post affirmèrent qu’une attaque aérienne israélienne contre les bases égyptiennes serait lancée le lundi 5 juin à 4 heures du matin, suivie d’une attaque terrestre, et que les unités israéliennes atteindraient le canal de Suez au soir du 6 juin. Ce scénario fut confirmé à 90% (l’attaque fut lancée à 8h30). Comme on l’a appris plus tard, aussi bien les services de renseignements égyptiens que le commandement de l’armée égyptienne étaient au courant, mais ils ne prirent pas cette information au sérieux.
Le matin du 5 juin, à la suite des raids de l’aviation israélienne, les forces aériennes égyptiennes avaient perdu d’emblée 400 avions, détruits à même le sol. Les spécialistes militaires soviétiques qui formaient les pilotes égyptiens dans les environs du Caire se précipitèrent vers la base de Cairo West, lieu de leur service. Ils étaient prêts à décoller à bord des avions restés intacts et à se lancer dans la bataille, mais ils furent arrêtés par les Egyptiens eux-mêmes. L’orientaliste russe Anatoli Egorine, témoin des événements, se souvient: « Lorsque l’heure H est arrivée, les nôtres voulaient se rendre sur les positions, mais les Egyptiens n’ont pas autorisé nos militaires à partir vers le lieu de leur service. Aucun militaire soviétique n’a participé aux combats au cours de la guerre des Six Jours ». Effectivement, les spécialistes militaires soviétiques qui se trouvaient alors en Egypte avaient pour tâche de former les Arabes, mais n’avaient pas le droit de participer aux combats.
Au cours de la guerre de 1967, les armes soviétiques s’avérèrent inefficaces entre les mains des Arabes. Si les pilotes égyptiens avaient fait preuve d’une réelle maîtrise lors des parades, dans une ambiance théâtrale, ils oublièrent toutes les recommandations dès que les balles commencèrent à siffler. Ils n’avaient aucun acquis en situation de combat.
Les moyens de liaison furent probablement une autre cause importante de la défaite de l’armée égyptienne. Les unités de l’armée se servaient de moyens de liaison soviétiques, mais l’état-major général et le commandement disposaient de moyens achetés en Occident qui étaient entièrement contrôlés par les Américains. « A l’heure H, les Américains, dont les navires se trouvaient en Méditerranée, à 14 milles du littoral de l’Egypte, ont coupé toutes les liaisons entre l’état-major général et les troupes envoyées dans le Sinaï », se souvient Anatoli Egorine. Autrement dit, les Etats-Unis, agissant en faveur d’Israël, paralysèrent les troupes égyptiennes au moment opportun.
Il y eut dans cette guerre un autre épisode significatif. En se retirant du Sinaï, l’armée égyptienne y abandonna 450 chars en bon état de marche. Les tankistes sortirent des chars et coururent vers le canal de Suez pour tenter d’atteindre l’autre rive. « Ces chars pouvaient les emmener jusqu’au canal. Certains d’entre eux auraient même pu atteindre l’autre rive. Mais les Egyptiens ont sauté hors des chars et se sont mis à courir », raconte Anatoli Egorine. Après 6 jours de combats, les Israéliens eurent à déplorer 776 morts, les Egyptiens, plus de 11.000.
De l’avis de la majorité des historiens, les causes principales de la défaite essuyée par l’Egypte étaient non pas militaires, mais politiques. De nombreux généraux égyptiens haut placés de l’état-major général, formés en Occident, étaient très mécontents de l’alignement de Gamal Abdel Nasser sur le Kremlin. Ils ont tenté de se débarrasser de leur président en faisant tout leur possible pour que l’Egypte perde cette guerre, espérant que les Etats-Unis qui soutenaient Israël n’abandonneraient pas les Arabes à leur sort.
Quant aux armes soviétiques, elles prouvèrent leur efficacité dans la guerre arabo-israélienne suivante, celle du Kippour en 1973, lorsque les Egyptiens traversèrent le canal de Suez et montèrent à l’assaut de la « ligne Bar-Lev ». Les résultats de cette guerre sont connus. L’armée égyptienne avait toutes les chances de remporter une victoire non seulement morale, mais aussi militaire sur l’ennemi, mais le président égyptien Anouar el-Sadate qui avait succédé à Gamal Abdel Nasser arrêta l’offensive. Le bilan politique se traduisit par le rapprochement avec les Etats-Unis, Camp David et le traité de paix avec Israël. Anouar el-Sadate échangea la victoire militaire contre une victoire politique. Ce fut la fin de « l’époque romantique » dans les rapports entre l’Egypte et l’Union soviétique. Cependant, 40 ans après, ce sont toujours des armes soviétiques qui équipent l’armée égyptienne.
[ratings]
la honte pour les egyptiens, c’est des vendus, j’ai honte de eux, on ne peut leur faire confiance,