KOWEIT (AFP) -Koweït a interdit dimanche les rassemblements en public dans une tentative de contenir la montée des tensions entre sunnites et chiites provoquées par des déclarations incendiaires d’un activiste chiite.
« C’est une sédition (confessionnelle), et elle doit s’arrêter », a déclaré le directeur des affaires judiciaires au ministère de l’Intérieur, Asaad al-Ruwayeh, en donnant lecture lors d’une conférence de presse à un communiqué interdisant les rassemblements en publics.
Selon le communiqué, tout rassemblement en public, procession ou manifestation de rue ne peut être organisé sans autorisation préalable.
M. Ruwayeh a indiqué que les contrevenants sont passibles de 2 ans de prison, ajoutant que le ministère de l’Intérieur a adopté des mesures pour « préserver la sécurité et la stabilité du pays ».
Le Premier ministre par intérim et ministre de la Défense, cheikh Jaber Moubarak Al-Sabah, a ensuite averti que « le gouvernement agira avec fermeté face à tous ceux qui cherchent à entraîner le pays dans une sédition confessionnelle ».
« Le danger étant devenu imminent, nous ne pouvons pas garder le silence et nous devons agir », a-t-il martelé devant les chefs de rédaction des journaux locaux, selon l’agence officielle Kuna.
La décision du gouvernement intervient alors que plusieurs groupes islamistes sunnites ont annoncé la tenue de rassemblements pour réclamer l’extradition de l’activiste koweïtien Yasser al-Habib.
Mais ces groupes ont fait savoir qu’ils suspendaient leur initiative pour permettre au gouvernement d’agir contre cet activiste qui vit à Londres depuis 2004.
Le Conseil des ministres a pris une série de mesures contre Yasser al-Habib, dont la possibilité de le déchoir de sa nationalité koweïtienne, a indiqué cheikh Jaber, ajoutant qu’une décision serait prise lundi.
Yasser al-Habib avait fui le Koweït pour échapper à deux condamnations à 10 ans de prison pour offense aux deux premiers califes de l’islam.
Lors d’une cérémonie récemment à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, il a dit qu' »Aïcha (ndlr: l’épouse du prophète Mahomet) est en enfer (…) suspendue par les pieds », selon une vidéo sur son site internet.
Aïcha est honnie par les chiites, qui estiment qu’elle n’avait pas favorisé Ali, leur premier imam, à la succession de Mahomet.
Les propos de Yasser al-Habib ont suscité une vague de condamnations dans les milieux sunnites qui ont appelé le gouvernement à demander l’extradition de Habib ou de le déchoir de sa nationalité, alors que des députés chiites ont exigé des mesures similaires pour des activistes sunnites qui critiquent les chiites.
Des députés islamistes sunnites ont menacé de demander l’audition du Premier ministre ou du ministre de l’Intérieur si le cabinet n’agit pas contre Habib.
Les chiites, qui constituent le tiers des 1,1 million de Koweïtiens, sont représentés au Parlement par neuf députés sur 50, et par deux ministres sur 16.