ROME (AFP 06/05/2010) — Une femme musulmane va devoir payer une amende pour port de la burqa en violation d’un arrêté municipal, une première en Italie, dans la foulée de mesures restrictives adoptées ou en cours d’élaboration dans d’autres pays européens.
« La police municipale lui a remis hier (lundi) soir le procès-verbal et maintenant elle doit payer une amende de 500 euros. A ma connaissance, c’est la première fois en Italie », a déclaré Mauro Franzinelli, responsable de la police municipale de Novara, dans le Piémont (nord), un fief du parti anti-immigrés et régionaliste de la Ligue du Nord, qui contrôle cette ville.
Il a précisé que la femme pouvait déposer un recours prévu par la loi.
La jeune musulmane de 26 ans, de nationalité tunisienne, se trouvait dans la rue en compagnie de son mari devant un bureau de poste quand une patrouille de carabiniers a demandé à l’identifier.
Le mari a refusé que son épouse soit contrôlée par des hommes, de sorte qu’une seconde patrouille, de la police municipale et comprenant une femme, a été appelée.
« La mairie a adopté fin janvier un arrêté interdisant la burqa dans les lieux publics et à proximité, et nous l’avons fait en tenant compte des commentaires du ministère de l’Intérieur auquel nous avions envoyé le projet d’ordonnance », a précisé M. Franzinelli, responsable local de la Ligue du Nord.
« C’est un problème de sécurité: dans une communauté civilisée, les gens ne peuvent pas se promener complètement couverts. Comment pensent-ils s’intégrer à notre communauté avec de pareilles habitudes? », s’est interrogé le maire de Novara, Massimo Giordano, également de la Ligue du Nord, au quotidien La Stampa.
Des membres de la communauté islamique ont estimé que la police n’avait fait qu’appliquer la loi, tout en reconnaissant que le sujet était délicat.
« Nous devons être très prudents car il n’y a pas de doute qu’en vertu de la loi italienne la burqa est interdite, sauf en période de carnaval », a déclaré à l’AFP Mario Scialoja, membre de la section italienne de la Ligue islamique mondiale.
« Les véritables exigences des musulmans portent sur la liberté de pratiquer leur religion, pas celle de couvrir leurs femmes. Il y a une règle (interdisant la burqa) et elle a été appliquée », a déclaré pour sa part Yahya Pallavicini, vice-président de la Communauté religieuse islamique d’Italie, qui insiste sur le fait que « la burqa n’est pas un symbole religieux ».
Cette amende a été infligée alors que la Belgique vient d’adopter une loi interdisant le port du voile islamique intégral dans tout l’espace public, une première pour un pays occidental.
En France, où une femme a récemment reçu une amende de 22 euros pour conduite en voile intégral, le gouvernement prévoit de présenter en mai une loi interdisant la burqa dans l’espace public.
En Italie, le gouvernement est divisé sur l’opportunité d’une interdiction générale, et le dossier n’est pas jugé prioritaire.
La Ligue du Nord, qui défend une politique d’immigration très restrictive, a déposé un projet de loi d’interdiction en octobre, mais celui-ci n’a pas encore été examiné par le Parlement.
Depuis 1975, une loi faisant partie des « dispositions de protection de l’ordre public » interdit dans les lieux publics de se couvrir complètement le visage, ce qui vaut aussi bien pour le voile que pour le casque de moto.
Plusieurs maires appartenant à la Ligue du Nord se sont appuyés sur cette loi pour faire adopter des arrêtés interdisant la burqa, le niqab ou la tenue de bain islamique (burkini).
En revanche, le foulard islamique, le hijab (qui ne laisse voir que l’ovale du visage) ne fait pas débat en Italie où il est même accepté dans les écoles.