TEHERAN (AFP) – Les autorités iraniennes ont pendu dimanche une trentaine de trafiquants de drogue, meurtriers et violeurs, disant vouloir montrer par ce nombre record d’exécutions leur volonté de lutter contre la criminalité en augmentation constante ces dernières années.
Les 29 personnes exécutées ont été reconnues coupables de « viol, meurtre, vol à main armée et participation à des bandes de trafiquants de drogue », a rapporté la télévision citant un communiqué du parquet de Téhéran.
Ces pendaisons ont lieu à 05H10 (00H40 GMT) dans l’enceinte de la prison d’Evine, située dans le nord de Téhéran. Il s’agit du plus grand nombre d’exécutions en un seul jour de ces dernières années en Iran. Le 2 janvier 2008, treize personnes avaient été pendues à la prison d’Evine. Depuis le début de l’année au moins 155 personnes ont été pendues en Iran, selon un décompte de l’AFP.
Amnesty International affirme que les autorités iraniennes ont exécuté 317 personnes en 2007, ce qui place l’Iran au deuxième rang des pays où la peine de mort est la plus appliquée, derrière la Chine. Les autorités iraniennes ont multiplié les exécutions pour lutter contre la hausse importante de la criminalité, notamment les vols à main armée, les enlèvements, les viols et le trafic de drogue.
Les organisations de défense des droits de l’Homme ont critiqué le nombre élevé de condamnations à mort mais Téhéran présente ce châtiment comme une peine dissuasive qui n’est prononcée qu’à l’issue d’un long processus judiciaire.
« La pendaison de ces malfaiteurs est le signe de la détermination de la République islamique à lutter contre le crime organisé », a déclaré Saïd Mortazavi, le procureur général de Téhéran, parlant dimanche à la télévision. « Avec l’aide des citoyens (…) Téhéran deviendra la ville la moins sûre du monde pour les trafiquants de drogue, les malfaiteurs et les violeurs », a-t-il ajouté.
Le chef du pouvoir judiciaire, l’ayatollah Mahmoud Hachémi Shahroudi, a toutefois décidé récemment de limiter les pendaisons publiques pour éviter les campagnes hostiles contre le pays. Les autorités iraniennes ont lancé il y a un peu plus d’un an une vaste campagne visant à « améliorer la sécurité physique et morale dans la société », en faisant la chasse aux malfaiteurs et trafiquants de drogue, mais aussi visant les femmes mal voilées ou encore les hommes qui portent des coiffures à l’occidental ou des vêtements avec des signes considérés comme contraire à l’islam.
Malgré le déploiement impressionnant de la police à travers le pays, les autorités n’ont pas réussi à maîtriser la criminalité et le trafic de drogue. Une grande partie de la drogue produite en Afghanistan arrive en Iran, qui compte près de deux millions de toxicomanes et de consommateurs occasionnels. Une partie de cette drogue transite par l’Iran pour être acheminée vers les marchés européens et arabes.
L’identité de certaines des personnes exécutées dimanche a été révélée par le parquet de Téhéran. Il s’agit d’Alireza Choubdari Fard, Abdolreza Shahbaksh, Shir-Agha Tadjik, Mohammad Khalegh Dadi, Sohrab Kamal Zehi, Ali Roshian, Morteza Chahr-Davali, Assadollah Naghdi Pari, Hossein Mirzaie, présentés comme de « grands malfaiteurs » ayant commis des meurtres, des vols à main armée et avoir eu en leur possession des quantités importantes de drogue.
Le meurtre, le viol, le vol à main armée, le trafic de drogue ou encore l’adultère sont passibles de la peine de mort dans la République islamique.