MOSSOUL (AFP) – Le cadavre de l’archevêque chaldéen de Mossoul, Faraj Rahou, a été découvert jeudi près de cette ville du nord de l’Irak près de deux semaines après son enlèvement par des inconnus.
Le pape Benoît XVI s’est dit « profondément attristé » par la mort du prélat, le plus éminent dignitaire religieux chrétien à avoir été enlevé en Irak et à mourir alors qu’il était aux mains de ses ravisseurs.
« Nous avons trouvé son corps », a confirmé à l’AFP Abdel Karim Khalaf, porte-parole du ministère de l’Intérieur, après l’annonce de sa mort par le service d’information de l’Eglise italienne au Vatican. Il n’a pas indiqué les causes de la mort du prélat.
Selon la télévision de la communauté chrétienne en Irak, Ishtar TV, « les terroristes ont appelé la famille de l’archevêque au téléphone pour leur annoncer sa mort hier (mercredi) et leur ont indiqué où ils avaient enterré le corps ».
« Ils sont allés à l’endroit indiqué et ont déterré le corps avant de le transporter à la morgue de l’hôpital de Mossoul », a précisé la télévision qui a diffusé un programme spécial, consacré à l’archevêque Rahou.
Selon la police de Mossoul, une ville majoritairement sunnite à 370 km au nord de Bagdad, « le cadavre a été découvert dans une fosse dans le quartier de al-Intissar au sud de Mossoul ».
Mgr Rahou avait été enlevé le 29 février à Mossoul par des hommes armés qui avaient tué trois de ses gardes du corps.
Les forces de sécurité irakiennes avaient lancé des opérations de recherche pour le retrouver mais en vain. L’archevêque syriaque de Mossoul, Mgr Georges Casmoussas, avait, après le rapt, dit que Mgr Rahou était un « homme malade qui a besoin de médicaments ».
Né en décembre 1942, il était le plus jeune d’une famille de quatre garçons. Il a grandi à Mossoul et a commencé ses études de théologie à Bagdad en 1960. Il a étudié également pendant deux ans au Vatican, avant d’être nommé archevêque de Mossoul en 1976.
Selon un porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, le pape Benoît XVI espère que « ce tragique événement mobilisera une nouvelle fois et avec encore plus de force l’engagement de tous en particulier de la communauté internationale pour la pacification d’un pays aussi tourmenté ».
« La violence la plus absurde et la plus injustifiée continue de s’acharner sur le peuple irakien et en particulier sur la petite communauté chrétienne avec laquelle le pape, et nous tous, nous sentons proches par la prière et par la solidarité dans ce moment de grande douleur », a-t-il ajouté.
Benoît XVI avait dénoncé à deux reprises l’enlèvement « exécrable » de l’archevêque chaldéen et appelé à sa libération.
Mossoul est la capitale de la province de Ninive, aujourd’hui l’une des plus dangereuses d’Irak, où se sont concentrés récemment les partisans d’Al-Qaïda, selon les autorités irakiennes et américaines.
Accusés par la rébellion islamiste de soutenir les « envahisseurs croisés », les chrétiens d’Irak sont régulièrement la cible d’enlèvements voire de meurtres commis par des insurgés chiites comme sunnites.
Deux prêtres du diocèse de Mossoul avaient été enlevés pendant neuf jours en octobre 2007, et en juin 2007, un prêtre et trois diacres avaient été abattus devant une église de cette ville.
Le sort de deux autres membres de l’Eglise chaldéenne, enlevés respectivement à Bagdad en août et en novembre 2006, demeure inconnu.
Les chaldéens, des catholiques de rite oriental, constituent la principale communauté chrétienne d’Irak, et l’une des plus anciennes églises chrétiennes.
Avant l’invasion de mars 2003, la communauté chrétienne d’Irak totalisait quelque 800.000 membres, soit 3% environ de la population en très grande majorité musulmane. Mais depuis, de nombreux représentants de cette communauté ont fui le pays ou ont émigré au Kurdistan irakien.