CALCUTTA (Inde) (AFP) – Une centaine de musulmans emmenés par un imam extrémiste ont manifesté vendredi à Calcutta (est) contre la décision du gouvernement indien de prolonger le visa l’écrivain bangladais Taslima Nasreen qui vit en exil en Inde après avoir été menacée de mort dans son pays.
« Taslima a heurté les sentiments des musulmans en Inde. Elle doit immédiatement être expulsée » du pays, a déclaré à l’AFP Syed Nuroor Rehman Barkati, religieux de haut rang de la mosquée Tipu Sultan de Calcutta.
Depuis qu’elle a été menacée de mort par des islamistes au Bangladesh en 1994, Mme Nasreen a vécu en exil entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Inde, où elle s’était d’abord installée à Calcutta.
La romancière a dû fuir cette ville en novembre 2007 après des manifestations de protestation contre des passages de son oeuvre jugés « anti-islamiques ». Elle vit aujourd’hui à New Delhi sous la protection de la police fédérale indienne dans un lieu tenu secret.
Mme Nasreen, âgée de 45 ans, est poursuivie en justice en Inde pour offense à l’islam et risque jusqu’à trois ans de prison pour « avoir attisé la haine » entre groupes religieux.
Dans son propre pays, elle a été condamnée en 2002 à un an de prison pour son roman « Lajja » (« La honte ») dans lequel elle décrit la vie d’une famille hindoue persécutée par les mulsulmans au Bangladesh où ils sont majoritaires.
Avant le départ de la romancière de Calcutta, l’imam Barkati avait offert de l’argent à qui l’humilierait en la recouvrant de goudron. Il avait aussi soutenu l’appel d’un autre responsable religieux extrémiste qui offrait « une récompense financière illimitée » à qui la tuerait.
Le gouvernement indien a renouvelé jeudi son visa de six mois, tout en l’appelant à ne rien faire qui puisse « heurter les sentiments » des communautés religieuses, faisant allusion aux 140 millions de musulmans que compte l’Inde sur 1,1 milliard d’habitants, en grande majorité hindous.
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