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Germaine Tillion (1907-2008) : Une vie au service de la dignité humaine

Tillion_1.jpgPionnière de l’ethnologie, résistante de la première heure au nazisme, avocate inlassable des victimes du conflit algérien, Germaine Tillion a traversé les époques avec un sens aigu de la justice.

Après des études supérieures en ethnologie au tournant des années 30, Germaine Tillion est chargée de recherches dans les Aurès, région montagneuse à l’est de l’Algérie, alors sous domination française. Elle y reste de 1934 jusqu’au printemps 1940, rentrant alors en France pour assister à la débâcle de l’armée française face aux nazis.

Dès l’été, elle s’engage dans la résistance active, ce qui l’amène à côtoyer de multiples groupes impliqués dans des actions similaires, notamment celui constitué au Musée de l’Homme, puis le réseau anglais Gloria SMH.

Elle est arrêtée puis incarcérée à l’été 1942, avant d’être déportée au camp de Ravensbrück en 1943. Elle y reste jusqu’à la libération en avril 1945. Au sortir de la guerre, elle se consacre à des travaux de recherche sur la résistance et la déportation.

Justice pour l’Algérie

Ce n’est qu’en 1954 qu’elle renoue avec ses travaux sur les populations des Aurès. Ce nouveau séjour en Algérie française est vécu comme un choc. Germaine Tillion est atterrée par la dégradation de leurs conditions de vie, leur « clochardisation », entraînée par le passage de la condition paysanne à la condition citadine.

Entre 1955 et 1956, elle met elle-même la main à la pâte afin de monter un projet socio-éducatif à l’intention des plus démunis – ruraux appauvris et habitants des bidonvilles.

L’année suivante la voit s’impliquer pour les droits des prisonniers, à une époque où la bataille d’Alger fait rage entre les indépendantistes algériens du FLN et les forces françaises. Elle visite plusieurs prisons, en compagnie d’enquêteurs de la Commission internationale contre le régime concentrationnaire, et y recueille de nombreux témoignages de tortures et d’exactions françaises.

Son intervention auprès du chef militaire FLN de la région d’Alger, Yacef Saadi, lui permet d’obtenir de ce dernier l’engagement de ne plus s’attaquer aux populations civiles, ce qui se traduit pour quelques semaines par l’arrêt des attentats, contre la suspension des exécutions capitales de militants du FLN.

Elle obtient d’ailleurs que Yacef Saadi, arrêté en septembre, quelques semaines après leur rencontre, soit remis à la justice, et évite ainsi l’arbitraire des militaires. Elle consacre ses énergies dans les années subséquentes à plaider la cause des condamnés à mort et des victimes de la torture, offrant d’ailleurs sans discrimination son aide aux deux parties.

La fin de la guerre et l’indépendance de l’Algérie, au début des années 60, la voient revenir à la recherche universitaire, mais aussi à l’enseignement. Plusieurs ouvrages, des études, mais aussi deux autobiographies, viendront ponctuer les décennies qui suivent.

« Ce qui m’a rendue lucide, c’est l’ethnographie. Elle m’a rendue dès le départ respectueuse de la culture des autres », expliquait-elle à la fin de sa vie.

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