MADRID (AFP) –La presse espagnole s’accordait dimanche sur l’importance de la manifestation samedi à Madrid contre le projet de réforme de libéralisation de l’avortement, mais revoyait nettement à la baisse les chiffres de participation fournis par les organisateurs.
Le quotidien conservateur El Mundo et le quotidien de gauche El Pais affirmaient que cette manifestation avait été « une des plus importantes organisées pendant un mandat de José Luis Rodriguez Zapatero », avançant une participation d’environ 250.000 personnes, citant des sources policières.
Les organisateurs avaient fourni plusieurs estimations avant de faire état de deux millions de personnes, tandis que la région de Madrid, gouvernée par les conservateurs, a donné le chiffre de 1,2 million de participants.
Selon les sources policières, environ 250.000 personnes étaient en fait dans la rue. Ces écarts importants sont fréquents dans les chiffres donnés sur les manifestations à Madrid.
Ce rassemblement contre l’avortement qualifié de « populaire » par El Periodico, a pris la forme d’un « bras de fer avec le gouvernement » selon La Vanguardia.
Pour El Mundo, « le succès indiscutable de la manifestation doit amener le gouvernement à réfléchir au manque évident de consensus social suscité par son initiative ».
Le quotidien ABC, qui maintient le chiffre d’un million de participants, affirme que M. « Zapatero a perdu hier la bataille sociale pour l’avortement », dans un pays où ont été pratiqués près de 120.000 avortements en 2008.
Plusieurs journaux critiquaient la présence dans la manifestation de la numéro 2 du Parti Populaire, Maria Dolores de Cospedal et de l’ancien chef du gouvernement conservateur José Maria Aznar (1996-2004), y voyant une tentative de récupération politique par l’opposition de droite.
Si M. Aznar a indiqué que « cette réforme dépassait les limites », la presse ne se prive pas de souligner qu' »il n’a pas cherché en huit ans à modifier la loi en vigueur aujourd’hui » (Publico).
El Pais souligne pour sa part dans un éditorial que la réforme va aligner la loi espagnole sur celle en vigueur dans « une bonne partie des démocraties » entourant l’Espagne.
Le projet de loi socialiste, réformant une loi de 1985 qui n’avait dépénalisé l’avortement que sous certaines conditions, prévoit notamment une liberté totale d’avorter dans un délai de 14 semaines.