(Réalités [TUN]- Elle s’appelle Najoud Ali, elle a 9 ans, sa famille vit dans la pauvreté absolue et pourtant cette Yéménite est devenue célèbre en s’imposant dans la palmarès des femmes de l’année, une distinction accordée par les Etats-Unis d’Amérique ces derniers temps.
L’histoire de Najoud peut-être résumée dans les propos qu’elle a tenus à New York au cours de la cérémonie où elle a reçu le Prix de “La femme de l’année†: “J’ai dit non au mariage précoce, cela m’a aidé à sortir d’une épreuve sévère et a encouragé d’autres Yéménites, dans mon cas, à trouver une issue à leurs problèmesâ€.
En effet, Najoud, qui est en deuxième année primaire, est issue d’une famille composée de dix-neuf membres. Le père est au chômage et l’aîné des frères a 21 ans. Ce sont les voisins qui prennent en charge la famille. Elle est donnée en mariage à un homme âgé de 30 ans, sous réserve d’être épargnée des obligations conjugales jusqu’à l’âge de la maturité.
Le mari n’a pas tenu sa promesse, d’où l’épreuve de la fillette Najoud, qui a décidé de se battre. Assistée par l’avocate yéménite Chadha Mohamed Naceur, qui l’a accompagnée à New York, Najoud saisit le tribunal pour annulation du contrat de mariage. Le Tribunal lui accorde le divorce. Le parcours de Najoud a duré sept mois. Les médias se sont intéressés à son cas et un effet d’entraînement a eu lieu chez les jeunes Yéménites mariées à un âge précoce.
Aujourd’hui, Najoud a repris le chemin de l’école et elle rêve de devenir avocate ou journaliste, deux métiers selon elle, très utiles pour les bonnes causes.
Dans la région arabe, le cas de Najoud n’est pas un cas isolé.
On peut avancer qu’on est en présence d’un phénomène. Ce sont des études sérieuses comme celle du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui confirment ce constat.
L’abandon scolaire est le corollaire de ce phénomène. Les pays arabes ne sont pas dans ce registre logés tous à la même enseigne, mais un grand effort de réforme, surtout dans le domaine législatif, est à faire.
Les réformes législatives rendues nécessaires peuvent être non productives en l’absence d’une éducation et d’un apprentissage d’une véritable citoyenneté. Najoud a eu le courage d’aller au tribunal pour dire non au mariage précoce, mais combien sont-elles dans son cas qui peuvent s’assumer ?
Les tabous ont la vie rude. Beaucoup de combats (contre le harcèlement, le mariage précoce, la discrimination voire la traite des blanches) auraient pu être gagnés s’il n y avait pas le poids des tabous. On préfère taire le “nonâ€.
Mais les réformes législatives, l’éducation et la jouissance d’une citoyenneté complète se heurtent, comme dans le cas de Najoud, au problème de la pauvreté, la “mère des dramesâ€.
Autant dire qu’il s’agit d’un même combat. Par ailleurs et pour faire avancer des causes on a tendance à regarder du côté des sociétés civiles. C’est une réalité historique, mais elle ne doit pas occulter l’effort de celles et ceux qui agissent à titre individuel. C’est le cas de l’avocate de Najoud. Il y a toujours une place pour les bonnes volontés.
Sur un autre registre, certains pourraient voir dans la médiatisation du cas de Najoud et surtout dans l’attribution du Prix de “La femme de l’année†par les USA une forme de propagande intéressée.
C’est leur droit, à charge pour eux d’expliquer le mauvais score récurrent de la région arabe en matière de développement humain.
Aïcha avait déjà quel âge quand Mohammed l’a prise ? Euh… Bon, autre temps, autres moeurs ! Si ça se trouve, c’est la preuve décisive qu’il ne faut pas l’imiter…