Dans le message de l’imam Al Qaradhaoui au président Bouteflika après les attentats de Batna et de Dellys, lu intégralement en ouverture du journal télévisé de l’ENTV lundi et mardi derniers, les téléspectateurs auront sans doute été surpris d’apprendre que le vénérable « cheikh » apportait son soutien à l’attitude du président de la République consistant à refuser « l’extrémisme des islamistes d’une part et celui des partisans de la laïcité d’autre part ».Pas moins, pas plus. Des propos qui rappellent « étrangement » ceux prononcés par Abdelaziz Bouteflika devant les caméras de l’ENTV, à Batna, peu de temps après l’explosion de la bombe que le kamikaze portait sur lui. Ce soutien, ainsi formulé, de l’imam est, comme on dit dans le langage populaire, « la fille de son oreille ». En d’autres termes, il lui aurait été « soufflé », « inspiré »… Comme dit l’adage : « Celui qui paie les violons choisit la musique. » En effet, de tels propos de la part d’un imam, rapportés durant le Ramadhan, mois de piété et de ferveur religieuse, ont de quoi « faire mouche » auprès des téléspectateurs qui étaient accrochés à leur poste de télévision ces jours-là ! Un imam qui ne s’est pas retenu jusqu’à la veille du 11 septembre 2001 de saluer les « actes de djihad » menés par le GIA et autres FIDA en Algérie ! Le message d’Al Qaradhaoui est d’ailleurs truffé d’amalgames jusque dans l’exégèse de l’Islam. Comment peut-on oser renvoyer dos à dos les islamistes armés, leurs commanditaires, responsables de massacres d’attentats et les laïcs ou supposés comme tels ? Est-il nécessaire de rappeler que les GIA, GSPC, FIDA et autres groupes terroristes ont, en leur temps, non seulement revendiqué les assassinats de laïcs ou supposés comme tels ? Rien, ni personne ne les a empêchés de « tirer gloriole » de ces lâches attentats contre des intellectuels, des hommes de science, des artistes, des journalistes. Une certitude doit être soulignée ici, à savoir que durant toute la période noire du terrorisme, aucun laïc ou supposé comme tel n’a pris une arme pour tuer froidement ou massacrer des femmes et des enfants. Un amalgame qui suggère « une troisième voie » incarnée par la démarche initiée par le président Bouteflika avec notamment la réconciliation nationale. Cette confusion n’est pas sans rappeler l’attitude de certains dirigeants qui, dans les années 1970, affirmaient n’être attirés ni par le socialisme ni par le capitalisme et qui dans un élan messianique proposaient une « troisième voie » aux masses populaires. Le monde arabe compte encore quelques survivants parmi ces leaders. Malheureusement pour eux, l’évolution du monde et sa globalisation ont eu très vite raison de ces chimères.
Par Reda Bekkat El Watan (Algérie) du 20/09/2007
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