COPENHAGUE(AFP) –La ministre danoise de l’immigration a critiqué indirectement jeudi l’octroi du droit d’asile à un Tunisien soupçonné avec un compatriote d’avoir projeté d’assassiner un dessinateur danois d’une des caricatures de Mahomet, malgré une décision d’expulsion du gouvernement.
« Il est clairement indéfendable » que des personnes expulsées ne puissent pas être renvoyées dans leur pays après des actes criminels graves », a déclaré à la presse la ministre aux Réfugiés, immigrés et à l’intégration, Birthe Roenn Hornbech, à l’issue d’une réunion du groupe parlementaire du parti libéral au pouvoir.
Détenu sans procès depuis le 12 février en attente d’une expulsion du Danemark vers la Tunisie, l’homme a présenté au printemps une demande d’asile politique, acceptée mardi par la commission de recours des réfugiés.
Le Tunisien, âgé de 36 ans, dont l’identité n’a pas été révélée, a bénéficié d’un statut dit de +séjour toléré+ selon la commission, estimant qu’il « risquait d’être torturé en Tunisie, s’il était expulsé ».
Son complice présumé, âgé de 26 ans et arrêté avec lui, a choisi en août de quitter le Danemark vers une destination inconnue, refusant de rester en prison sans jugement.
Le gouvernement, qui ne peut pas faire appel de la décision de la commission, a donné précédemment son feu vert à l’expulsion des deux Tunisiens par voie administrative après recommandation des services de renseignement de la police (PET) qui estimaient que les deux hommes représentaient une menace pour la sécurité de l’Etat.
La ministre a demandé à un groupe de travail, mis en place par le gouvernement, d' »accélérer » l’examen des expulsions administratives et de « sonder immédiatement les possibilités d’y inclure des assurances dites diplomatiques afin de pouvoir expulser des personnes bénéficiant d’un statut de séjour toléré ».
Les pays d’origine des expulsés devraient garantir qu’ils ne seraient pas torturés, exécutés ou persécutés à leur retour.
« Je souhaite également que le groupe de travail étudie le plus rapidement possible la possibilité de rendre plus sévères les conditions de vie des personnes en séjour toléré vivant au Danemark en attendant leur expulsion », a-t-elle ajouté.
La ministre a indiqué par ailleurs à la radio-télévision publique, qu’elle envisageait de soulever avec d’autres Etats membres de l’UE la question du « statut de séjour toléré ».
Elle estime « très frustrant et insatisfaisant » que le Danemark abrite actuellement 18 personnes « en séjour toléré ».
Une des possibilités serait de créer « des camps de réfugiés sûrs où les personnes indésirables pourraient y séjourner en sécurité », selon Mme Hornbech.
« Car nous ne pouvons renvoyer des gens à la torture et la persécution », le Danemark se devant de respecter les conventions internationales, a-t-elle dit.
Le statut d’un séjour toléré signifie que le bénéficiaire ne peut travailler, ni recevoir des allocations d’assistance publique. Il doit en outre se présenter régulièrement à la police à des fins de contrôle.