GENEVE (AFP) –Mme Louise Arbour, Haut commissaire de l’ONU au droit de l’homme, a jugé mercredi « très préoccupant » de voir imposer « des contraintes et des sujets tabous » dans les débats au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, après que son président eut interdit de parler de la charia.
Sous la pression de pays du groupe arabe, le président du Conseil, l’ambassadeur roumain Doru Romulus Costea a intimé l’ordre lundi dernier à un orateur représentant des ONG de ne pas mentionner la charia (loi musulmane).
Le Conseil des droits de l’homme « doit être, entre autres, le gardien de la liberté d’expression », a souligné Mme Arbour au cours d’une rencontre avec des journalistes.
« Il y a des blocages au niveau du Conseil », a déploré le Haut commissaire, qui doit quitter son poste à la fin du mois après quatre années de mandat.
Interrogé par les journalistes, M. Costea a réaffirmé mercredi que « le Conseil n’avait pas l’expertise suffisante pour débattre, à n’importe quel moment, des liens fascinants entre religion et droits de l’homme ». « C’est un sujet sur lequel nous devons être très prudents », a-t-il insisté.
Lundi soir, M. Costea a intimé l’ordre au représentant de deux ONG de s’abtenir de tout jugement de valeur sur une croyance ou une loi religieuse.
Les foudres de l’Egypte, du Pakistan et de l’Iran s’étaient auparavant abattues sur l’orateur lisant une déclaration conjointe des ONG Association for World Education (AWE) et International Humanist and Ethical Union (IHEU) qui dénonçait notamment la lapidation des femmes adultères dans les pays « qui appliquent la charia ».
« L’islam ne sera pas crucifié devant ce Conseil », a vitupéré le représentant de l’Egypte Amr Roshdy en menaçant de demander un vote du Conseil des droits de l’homme pour faire taire le trublion accusé d’islamophobie.
L’orateur des ONG, M. David Littman, a été interrompu par plus d’une quinzaine d’interventions virulentes et le débat a dû être suspendu pendant plus d’une demi-heure.
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