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Ben Laden superstar

ben-laden.jpg Un producteur égyptien veut filmer la rencontre entre le terroriste et un journaliste américain.

Le film n’est pas encore tourné, les acteurs ne sont pas encore choisis, le scénario est en cours de finition, mais le titre est tout trouvé : Al-Qaeda. Ou la vie d’Oussama ben Laden, vue à travers l’histoire d’un journaliste américain «qui essaie, en vain, d’entrer en contact avec Oussama ben Laden et son bras droit, Ayman Al-Zawahiri, pour faire leur biographie, jusqu’à ce qu’il soit kidnappé et se retrouve face à eux. A ce moment commence une joute psychologique entre ces trois hommes» , raconte Adel Adeeb, réalisateur et producteur du film. «Chacun va donner sa version des faits et justifier ses convictions. Il s’agit d’exposer des faits, de montrer comment Ben Laden, un type relativement normal, devient la créature de la CIA, se transforme en monstre, et se retourne contre son créateur.»

«Folie». Depuis un an, Adel Adeeb, coprésident du groupe égyptien Good News Group, géant de l’audiovisuel au Proche-Orient, mais nouveau venu dans la production cinématographique, promène son projet choc de festivals en marchés du film, alimentant rumeurs et polémiques. «C’est sûr, il y aura de la controverse, on l’a vu au marché du film américain. Quand on a exposé l’affiche du film avec Ben Laden dessus, ça a été de la folie ! Mais nous ne cherchons pas à offenser qui que ce soit.» Le petit monde du cinéma arabe est lui partagé sur le projet, perçu par certains comme un grossier coup de pub qui ne verra jamais le jour, par d’autres comme un pari audacieux pour redynamiser le cinéma égyptien.

Adel Adeeb espère commencer le tournage du film en 2008. En attendant, il continue à amasser de la documentation sur Oussama ben Laden. Un personnage considéré comme diabolique par le monde occidental, mais auquel le monde arabo-musulman voue une fascination ambiguë souvent teintée d’admiration, car il incarne à ses yeux celui qui a tenu tête à la superpuissance américaine. «On ne peut pas se contenter de dire que Ben Laden, c’est le méchant, et que les Américains sont les gentils, ou qu’à l’inverse, les Américains sont des pourris et que Ben Laden est un héros. L’image générale est en morceaux, il faut recoller ces morceaux pour se faire une idée de ce qui se passe vraiment. Personne ne sait toute la vérité, mais ce dont on est sûr, c’est que les deux côtés ont fait du mal au monde entier», plaide-t-il.

Le producteur cherche à attirer des partenaires internationaux pour financer son film et assure que John Malkovich, Robert de Niro, et Morgan Freeman, tous trois approchés pour tenir le rôle du reporter américain, «ne sont pas opposés à y participer» . Selon lui, la crédibilité du film ne peut tenir que grâce à une coopération internationale, «sans quoi, il serait trop facile de dire que le film est pro ou antiarabe. Nous devons exposer tous les faits en notre possession, qu’ils nous plaisent ou non. C’est le seul moyen de comprendre ce qui a pu se passer.»

Pour séduire, Adel Adeeb compte aussi sur le récent succès de l’Immeuble Yacoubian , une des premières productions à gros budget de Good News Group. Un film qui a dynamité les tabous du cinéma arabe en abordant de front les thèmes de l’homosexualité, la torture ou la corruption, tout en évitant les ciseaux de la censure. Un exploit facilité par le poids économique de Good News Group et la proximité de ses dirigeants avec le président Moubarak.

«Chameaux». Adel Adeeb assume l’aspect provocateur de son projet, mais jure qu’il ne s’agit que de dresser des ponts entre les cultures. «C’est hallucinant de penser qu’en 2007, à l’époque de la révolution des médias, les Occidentaux pensent que le monde arabe, c’est le désert, des femmes voilées, des chameaux et des terroristes, et que de l’autre côté, les Arabes pensent que les étrangers ne sont obsédés que par l’argent, le sexe et les armes !» Son objectif affiché est aussi de redonner un écho international au cinéma égyptien, qui fête son centenaire cette année, après des décennies poussives de films médiocres et sans ambition, pendant lesquelles Youssef Chahine a seul ou presque porté hors de ses frontières un art qui régnait jadis en maître à travers tout le monde arabe.

Libérartion 30/05/2007

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