PARIS (AFP) – Le PS a tranché sur la question du voile intégral, se déclarant contre une loi de « circonstance », malgré les résistances de certains socialistes qui y étaient favorables comme les députés Manuel Valls ou Aurélie Filippetti.
« Le Parti socialiste a débattu, il a rappelé des principes : nous sommes totalement opposés à la burqa, la burqa est une prison pour les femmes, dans la République, elle n’a pas sa place mais une loi de circonstance n’aurait pas les effets escomptés », a affirmé mercredi le porte-parole du PS Benoît Hamon, au lendemain de la réunion hebdomadaire du Bureau national du PS.
Le BN –direction du parti– a discuté mardi soir sur un texte, la contribution du PS à la mission parlementaire d’information sur le port du voile intégral.
Ce texte de trois pages adressé mercredi soir au président de la mission, André Gerin, développe les arguments des socialistes en trois chapitres: « le parti socialiste condamne avec fermeté le port du voile intégral, pratique incompatible avec les valeurs de la République »; « Le parti socialiste préconise une action publique contre le port du voile intégral respectueuse de notre Etat de droit et qui mobilise de façon résolue les principes et les moyens de la République »; « Le parti socialiste refusera toute loi de circonstance, inapplicable », indique le texte transmis à l’AFP.
Si la direction du PS est fermement opposée à la burqa, plusieurs membres divergent sur l’opportunité de légiférer.
Manuel Valls, député-maire d’Evry, se dit toujours favorable à une loi. Il avait signé récemment avec la députée Aurélie Filippetti et Philippe Esnol, maire de Conflans-Saint-Honorine, une tribune plaidant pour le « bannissement » par la loi, du port du voile intégral dans « l’espace public ».
« Nous sommes favorables au bannissement pur et simple de ce vêtement dans l’espace public et ses services (mairies, écoles, préfectures, sécurité sociale) mais aussi sur l’ensemble de la voie publique », écrivaient les trois signataires.
Interrogé par l’AFP, M. Valls a relaté qu' »au Bureau national, on a eu un débat de près de deux heures de bonne qualité », mais pour lui « ce qui ne va pas, c’est +ni burqa ni loi+. Le ni ni n’est pas possible ».
Pour le député de l’Essonne, « refuser la burqa est être fidèle à la République » et il estime que « la force de la loi sera suffisante ». Il s’est dit « effrayé et scandalisé » par les propos de Jean-Marc Ayrault contre une loi. « Sur quelles bases ose-t-il affirmer qu’une loi interdisant la burqa ne servirait à rien? Il reprend l’argument de la stigmatisation, alors que précisément la burqa doit être combattue au nom de la République mais aussi de l’islam »
Aurélie Filippetti maintient également sa position et a jugé que le « débat était en cours ».
En revanche, le député Michel Sapin, également présent au BN, s’est dit « heureux du débat, du texte et de la position prise. Elle a été quand même facile à prendre », alors que sur un tel sujet, « rien n’est blanc ni noir ».
Laurent Fabius, qui s’était dit « pas hostile à une loi » puis « très hostile à la burqa, atteinte évidente à la dignité de la femme », a exprimé sa position, avant de se rallier, selon l’entourage de Mme Aubry, au texte.
La position du PS est « la lettre en réponse au président de la mission parlementaire, qui voulait connaître la position des partis. Puisqu’on lui répond, il fallait qu’une position (fût) arrêtée », a expliqué M. Sapin.