PARIS (AFP) – L’association des « Bâtisseuses de paix » voudrait apposer une plaque sur la Mosquée de Paris pour rappeler que des juifs ont été sauvés par des musulmans pendant l’occupation, a indiqué jeudi sa présidente Mme Annie-Paule Derczansky.
Elle s’appuie sur une note interne du ministère des Affaires étrangères datée du 24 septembre 1940, signalant que le personnel de la Mosquée de Paris est « soupçonné par les autorités d’occupation » de « délivrer frauduleusement à des individus de race juive des certificats attestant que les intéressés sont de confession musulmane ». L’imam a été « sommé, de façon comminatoire, d’avoir à rompre avec toute pratique de ce genre ». « Il semble en effet, ajoute la note, que nombre d’israélites recourent à des manoeuvres de toute espèce pour dissimuler leur identité ».
Cette note a été authentifiée par la direction des archives du ministère des Affaires étrangères. Elle était adressée au ministre Paul Baudouin par le directeur politique adjoint du ministère, Ernest Lagarde.
L’association a écrit au président algérien Abdelaziz Bouteflika pour avoir l’autorisation d’apposer une plaque à l’entrée de la Grande Mosquée qui « rappelle la mémoire des enfants et adultes qui ont été sauvés en ces lieux ».
Pendant l’occupation, la Mosquée, alors dirigée par le recteur Kaddour Ben Ghabrit, a abrité un groupe de FTP algériens, en majorité kabyles, qui a aidé les parachutistes anglais puis des familles juives à passer en zone sud ou en Afrique du nord.
L’association des Bâtisseuses de paix (www.batisseusesdepaix.org), créée en 2002, réunit des femmes juives et musulmanes qui veulent mettre en pratique au quotidien le dialogue entre les deux communautés.