ANKARA (AFP) – Le procureur de la Cour de cassation turque a réitéré sa demande d’interdiction du parti islamo-conservateur AKP au pouvoir dans des motivations écrites rendues publiques vendredi par la chaîne de télévision NTV.
Dans ce document, le magistrat Abdurrahman Yalcinkaya rejette les arguments présentés pour sa défense par l’AKP (Parti de la justice et du développement) début mai, quand cette formation avait nié vouloir islamiser le pays et dénoncé des motivations politiques dans les accusations à son encontre.
Le procureur insiste aussi dans son document pour demander que 71 membres de l’AKP dont le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le président Abdullah Gul, se voient infliger une interdiction d’exercer la politique pendant cinq ans.
Le procureur Yalcinkaya a déposé en mars un recours devant la Cour constitutionnelle demandant l’interdiction pour activités « anti-laïques » de l’AKP, issu de la mouvance islamique mais qui se définit comme « démocrate conservateur ».
Les démêlés judiciaires de l’AKP ont été analysés en Turquie comme le dernier épisode d’une lutte de pouvoir entre une élite urbaine laïque très influente dans le système judiciaire et l’armée et une nouvelle classe moyenne conservatrice représentée par l’AKP.
Dans ses motivations écrites, le procureur affirme que la récente levée de l’interdiction du port du foulard islamique à l’université ainsi que l’interdiction de vente d’alcool dans les restaurants de municipalités dirigées par l’AKP ainsi que la rhétorique du parti en faveur de la liberté religieuse montrent qu’il a « un ordre du jour secret » d’islamisation du pays.
La Cour constitutionnelle ne devrait pas se prononcer avant plusieurs mois. Dans l’intervalle, l’AKP peut présenter de nouveaux éléments pour se défendre.
La Cour qui compte 11 magistrats doit se réunir début juin pour décider si le récent amendement constitutionnel adopté par le parlement ayant abouti à autoriser le voile à l’université constitue une atteinte à la laïcité.