STANBUL (AFP) – Le président de la commission parlementaire conjointe Turquie/Union européenne Joost Lagendijk a déploré mardi le lancement d’un procès contre le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie qui renforce, selon lui, les opposants de l’adhésion turque à l’UE.
« C’est mauvais pour l’image de la Turquie à l’étranger », a déclaré à des journalistes l’eurodéputé néerlandais en marge d’une conférence à Istanbul sur le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, qui a débuté en 2005.
« Je suis sûr que les gens en Europe qui sont opposés à l’adhésion de la Turquie vont être très contents car ils vont avoir un nouvel argument pour dire +pourquoi devrions-nous négocier avec un pays dont le parti au gouvernement risque d’être fermé?+ », a-t-il poursuivi.
La Cour constitutionnelle a jugé recevable lundi une requête déposée par le procureur de la Cour de cassation et visant à obtenir l’interdiction pour des activités « anti-laïques » de l’AKP, un parti issu de la mouvance islamiste mais qui se définit aujourd’hui comme « démocrate conservateur ».
« La deuxième raison pour laquelle c’est mauvais c’est que par voie de conséquence, durant les six à neuf prochains mois, nous ne verrons pas de nouvelles réformes », a déclaré M. Lagendijk. « Le gouvernement sera tellement occupé par son combat avec l’opposition que nous ne verrons aucune réforme », a-t-il estimé. « Une fois encore, c’est un argument de plus pour ceux qui sont contre l’adhésion de la Turquie », a ajouté l’élu du parti Verts.
Lundi, le commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn a affirmé qu’il ne voyait pas de « justification » à une interdiction de l’AKP, estimant que sa dissolution ne pourrait être motivée que si ce parti appelait à la violence.
La décision de la Cour constitutionnelle lance formellement le procès à l’encontre de l’AKP, qui dispose d’un délai d’un mois, extensible, pour présenter sa défense. Un verdict devrait prendre plusieurs mois.
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