WASHINGTON (AFP) – Tariq Ramadan et les associations de lutte pour les libertés qui le soutiennent ont annoncé mercredi avoir fait appel d’une décision de justice validant le refus du gouvernement américain d’accorder un visa à l’universitaire musulman controversé. Fin 2004, M. Ramadan avait dû renoncer à venir enseigner à l’Université Notre-Dame (Indiana, nord-est), les autorités américaines ayant révoqué son visa à la dernière minute. Depuis, il n’a pas pu non plus participer à plusieurs conférences auxquelles il était invité aux Etats-Unis. En septembre 2006, sommé par la justice, le gouvernement américain avait donné le motif de sa décision: entre 1998 et 2002, M. Ramadan a versé 1.670 francs suisses (environ 1.500 dollars aujourd’hui) à une organisation caritative suisse de soutien au peuple palestinien, placée en 2003 par Washington sur une liste noire anti-terroriste parce que proche du Hamas.
Dénonçant une censure, l’universitaire et plusieurs associations ont porté plainte. Mais en décembre, un juge fédéral de New York les a déboutés, estimant que M. Ramadan devait d’abord prouver qu’il ne savait pas que l’organisation caritative suisse était proche du Hamas, même si ses dons datent d’avant l’inscription sur la liste noire américaine.
Ce « raisonnement pourrait rendre presque impossible pour n’importe quel universitaire étranger — quel que soit l’intérêt des citoyens américains à entendre son point de vue — de surmonter une exclusion laissée aux mains des responsables consulaires », a dénoncé Cary Nelson, président de l’Association américaine des professeurs d’université, dans un communiqué annonçant l’appel. Intellectuel controversé, petit-fils du fondateur des Frères musulmans égyptiens, Tariq Ramadan vit à Genève et enseigne notamment à l’Université ritannique d’Oxford.
[ratings]