LE BOURGET (AFP) – « A gauche pour les soeurs, à droite pour les frères! »: ils sont plusieurs milliers de musulmans à se presser pour écouter des débats sur « la famille » au Bourget, près de Paris, où s’achève dimanche la rencontre annuelle de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France).
Organisée depuis jeudi, la rencontre de l’UOIF, organisation considérée comme proche des Frères musulmans, réunit des dizaines de milliers de musulmans français et européens.
Pour les participants, la question est entendue: la famille est en crise et le taux de divorce atteint plus du tiers des mariages en France.
« Aujourd’hui, dit un intervenant, Mohammed Ould Doua, la finalité de la famille est devenue le bonheur individuel et la recherche du plaisir de ses membres ». Les musulmans n’échappent pas au phénomène.
Pour Noura Jaballaha, présidente du forum européen de la femme musulmane, les familles musulmanes sont doublement touchées par des problèmes qui leur sont propres: poids des traditions, mariages forcés, mauvais traitements réservés souvent aux femmes.
Dans la salle, on suit les débats reproduits sur des écrans géants mais on n’intervient pas. Beaucoup, venus de la banlieue parisienne mais aussi de toute la France ou d’autres pays européens, sont en famille.
La partie réservée aux femmes, souvent accompagnées d’enfants, est de loin la plus remplie avec une immense majorité d’entre elles voilées. Certaines, les plus jeunes, très coquettes avec un simple foulard joliment noué qui ne cache ni maquillage ni bijoux, d’autres, très minoritaires, totalement en noir.
Mais celui qui fait salle comble, c’est Tariq Ramadan, professeur d’islamologie, citoyen suisse et petit-fils du fondateur des Frères musulmans, Hassan El Banna. C’est la première fois, depuis de nombreuses années, qu’il intervient au rassemblement annuel de l’UOIF.
Très vite, ses auditeurs sont médusés et écoutent attentivement les conseils qu’il prodigue: « non, le mariage forcé n’est pas islamique, dit-il, car le mariage c’est d’abord le consentement d’un homme et d’une femme ». « Oui, l’islam a reconnu à la femme un statut d’autonomie, et le caractère concret de la séparation des biens traduit cette autonomie des individus ».
« C’est vrai, ajoute-t-il, que des femmes ont des potentialités énormes et que certains maris sont responsables de ne pas les laisser s’épanouir ». « Toutes les femmes du prophète, ont, elles, été au bout de leurs potentialités ».
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