(Le temps. Tunisie)- Ils étaient plus de cinq mille personnes à avoir répondu à la marche pacifique organisée, hier, à Tunis.
Le coup de départ a été lancé à la Place des Droits de l’homme, lieu emblématique. Après s’être rassemblé et affichant fièrement le drapeau national, on se serre les coudes, on se tient par la main et on part en quête du respect et de la conservation des libertés, trop longtemps réprimées du temps du régime défunt. Ces nouveaux acquis sont malheureusement menacés et violés depuis quelques temps.
N’est-ce pas Rousseau, philosophe des Lumières et préconiseur des libertés individuelles qui disait à ses semblables que : «Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs.â€Â ? Aujourd’hui, intellectuels, élites, société civile ou humbles citoyens sortent dans les rues pour dénoncer les tentatives de répression exercées par une tranche populaire et réclamer que le gouvernement actuel prenne une position sérieuse et radicale contre les dernières agressions itératives.
“Est-ce donc nuire aux gens que de leur donner la liberté d’esprit ?†(J.P.Sartre)
Persuadés par le fait qu’ «un peuple (qui) est prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, finit par perdre les deuxâ€, (Benjamin Franklin), des milliers de Tunisiens ont décidé de se joindre à l’appel de la Société civile pour défendre leur droit au libre arbitre, à l’enseignement, à l’exercice de leur citoyenneté en toute liberté.
Ce cher affranchissement durement gagné après deux décennies d’oppression et d’aliénation commence à être sérieusement entaché. Certains faits marquants, une fois réunis, sonnent le tocsin. Les dernières agressions dont étaient victimes enseignants, journalistes, chroniqueurs, avocats doyens de facultés et intellectuels, mettent effectivement en péril les libertés humaines et citoyennes fondamentales.
Itinéraire de la marche, itinéraire des libres penseurs
Midi la marche démarre à partir de la Place des Droits de l’Homme, haut lieu emblématique. Empruntant la grande Avenue Mohamed V, les citoyens défilent sur toute la fameuse Avenue Habib Bourguiba pour arpenter, par la suite, l’avenue de Paris. En cours de route, plusieurs passants et badauds, curieux au départ, choisissent de faire partie de cette foule humaine qui chantait l’hymne national et brandissait le drapeau tunisien. D’autres ont préféré assister à la marche en tant que spectateurs et photographes amateurs.
Parmi les slogans scandés, on réclamait la dénonciation de la barbarie, la suspension des sit-in non pas par la violence mais par le biais d’un dialogue civilisé et fructueux, le sacre des universités contre toute démarche violente, la liberté de la presse et de la libre pensée, le respect de la différence idéologique et théologique.
La marche qui s’est achevée à la Place de la République rappelle que le combat est celui de tous les Tunisiens et que la conservation des libertés durement affranchies n’est pas un acquis mais une lutte de tous les jours. Tout Tunisien, indépendamment de son appartenance politique ou religieuse, ne devra pas baisser les bras ou lâcher prise. Morale de l’histoire : une position plus concrète et radicale de la part du gouvernement contre toute forme de violation des droits individuels, rappeler à tous les Tunisiens que nous ne faisions qu’un le 14 janvier 2010, malgré nos différences et ainsi nous demeurerons. Nous ne devrons jamais s’allier les uns contre les autres. Bien au contraire, la force d’un peuple et l’instauration de la démocratie ne sont garanties que dans le respect des différences.