Une influente organisation malaisienne de défense des droits des femmes a obtenu le droit de conserver le mot d' »islam » dans son nom vendredi, la justice ayant débouté les groupes religieux qui contestaient son action.
L’Assemblée des jeunesses musulmanes de Malaisie, qui n’a pas pu être jointe vendredi, soutenait que le nom des Soeurs en islam suggérait de façon trompeuse que cette organisation représentait tous les musulmans. Mais la Haute cour a rejeté l’argument, selon Ratna Osman, l’une des responsables de l’ONG féministe.
Créée en 1988, les Soeurs en Islam (SIS Forum), l’une des organisations non gouvernementales les plus connues de ce pays à majorité musulmane, fâche régulièrement les conservateurs en contestant l’application de la loi coranique, la charia, et notamment le fait d’infliger des coups de canne aux femmes pour des infractions telles que la consommation d’alcool.
Plusieurs organisations musulmanes accusent les Soeurs d’interpréter les principes religieux de façon dévoyée. La société est partagée entre les conservateurs qui militent pour une application stricte de la charia et les libéraux que l’intolérance religieuse inquiète.
« Si la Malaisie veut vraiment se poser en chef de file de l’islam modéré, elle doit d’abord prendre des mesures chez elle pour protéger l’espace démocratique du débat et les divergences d’opinion », a estimé Mme Ratna.
Les Soeurs en islam militent pour des réformes législatives destinées à protéger les femmes, notamment en matière de polygamie et de mariage des mineures. Elles ont essayé l’an dernier d’empêcher qu’une femme ne soit flagellée pour avoir bu de la bière en public. Sous la pression de l’opinion publique, la sentence a été commuée en travaux d’intérêt général mais plusieurs autres femmes ont depuis reçu des coups de canne pour des relations sexuelles hors mariage, ce qui n’existait pas auparavant. AP