DAVOS (Suisse), 29 jan 2011 (AFP)- L’Union européenne tend à devenir un « club chrétien » qui est « tourné vers lui-même », a déploré samedi à Davos le vice-Premier ministre turc Ali Babacan, en regrettant l’absence de progrès dans le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE.
S’exprimant lors d’un panel au Forum économique mondial à Davos (est de la Suisse), M. Babacan a jugé que « la politique de la porte ouverte (n’existait) plus » dans l’UE.
« Nous avons toujours pensé que l’Union européenne était un grand projet de paix, et puis le processus d’élargissement s’est purement et simplement bloqué », a-t-il dit.
« L’une des grandes raisons pour lesquelles la Turquie ne peut devenir membre de l’Union européenne est que celle-ci est un club chrétien. C’est à nos yeux très dangereux », a-t-il remarqué.
Ankara a commencé en 2005 les négociations d’adhésion mais le processus est bloqué en raison de l’opposition de plusieurs pays clé comme la France et l’Allemagne qui préfèrent un partenariat privilégié, mais aussi en raison du conflit de Chypre et du manque de progrès dans les réformes intérieures.
A Berlin comme à Paris, en raison des difficultés à faire fonctionner une Europe à 27, on privilégie désormais l’approfondissement de l’UE par rapport à son élargissement, même si l’adhésion des pays des Balkans occidentaux est prévue.
Plusieurs chapitres du dossier d’adhésion turc restent bloqués en raison du refus de la Turquie d’ouvrir ses portes à la République de Chypre, un Etat membre qu’Ankara ne reconnaît pas, en raison de la division de l’île entre sa partie grecque et sa partie turque.
« Le type d’Union européenne que nous allons voir émerger à l’avenir sera d’une immmense importance pour la tonalité du message que notre région va recevoir », a-t-il dit, en soulignant que la Turquie et les pays de la région observent de très près cette évolution.